L’ancien Premier ministre et figure de l’opposition au Niger Hama Amadou était toujours en garde à vue lundi selon ses proches, accusé par le pouvoir d’être responsable des troubles après l’élection présidentielle, tandis qu’internet restait coupé dans tout le pays.
« C’est le statu quo, Hama Amadou est toujours en garde à vue à la police judiciaire. Seules les visites de ses proches lui sont autorisées », a déclaré à l’AFP un membre de son entourage sous couvert d’anonymat.
Vendredi, Hama Amadou, également ancien président de l’Assemblée nationale, s’était rendu de lui-même à la police après que le ministre nigérien de l’Intérieur, Alkache Alhada, l’a accusé « d’être le principal auteur » des troubles ayant éclaté à Niamey après l’annonce le 23 février de l’élection de Mohamed Bazoum au second tour de la présidentielle.
Ces troubles ont fait deux morts, entraîné des pillages de commerces, des destructions d’infrastructures et ont conduit à l’interpellation de 468 personnes, selon le ministre de l’Intérieur.
La victoire de M. Bazoum, dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou, avec 55,7% des voix, est contestée par l’opposant et ancien chef d’Etat Mahamane Ousmane. Celui-ci s’est proclamé vainqueur, revendiquant 50,3% des voix.
Selon ses proches, Hama Amadou a été « auditionné » par la police sur des chefs d’accusation cités par Alkache Alhada tels que « appels au meurtre, à la violence, propos racistes inacceptables, xénophobie ».
Considéré comme un sérieux challenger à la présidentielle, Hama Amadou n’a pas pu se présenter à l’élection en raison de sa condamnation à un an de prison pour une affaire de trafic de bébés, affaire qu’il a qualifiée de « complot » pour l’écarter du scrutin. Il a apporté son soutien à Mahamane Ousmane.
Parmi les personnes arrêtées figure également l’ancien chef d’état-major des armées Moumouni Boureima, proche de Hama Amadou, accusé d’être un des « meneurs » des troubles à Niamey.
Selon la presse locale, Djibrilla Baré Maïnassara, candidat au premier tour qui a soutenu M. Ousmane (et frère de l’ex-président Ibrahim Baré Maïnassara, assassiné lors d’un coup d’Etat en 1999) fait aussi partie des personnes détenues.
Par ailleurs des ONG ont dénoncé « la coupure d’internet depuis le 23 février », jour de l’annonce des résultats, et annoncé des plaintes devant la justice.
« Nous allons porter une plainte contre l’Etat du Niger et les compagnies de téléphonie pour la coupure d’internet qui viole le droit au travail, la liberté d’expression et d’information », a déclaré à l’AFP Ali Idrissa, le responsable du Réseau nigérien pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB).
Les autorités n’ont pas encore commenté cette coupure d’internet qui paralyse les communications et les transactions financières dans le pays.
Source: Sunu Afrik