RDC: l’ambassadeur d’Italie tué dans l’Est, théâtre de conflits oubliés

afp.com/ALEXIS HUGUET Un convoi de la Monusco en RDC en septembre 2020

Goma (RD Congo) – L’ambassadeur d’Italie en République démocratique du Congo (RDC) a été tué lundi lors d’une attaque dans la province orientale du Nord-Kivu, rappelant amèrement à la communauté internationale les conflits souvent oubliés qui ravagent depuis 25 ans l’Est du pays.

L’ambassadeur Luca Attanasio, 43 ans, “est décédé des suites de ses blessures” par balles, a déclaré à l’AFP une source diplomatique de haut rang à Kinshasa.

Le ministère italien des Affaires étrangères a confirmé peu après, en faisant part de sa “profonde tristesse”.

En visite de terrain avec le Programme alimentaire mondial (PAM) au nord de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, l’ambassadeur et son convoi ont été pris pour cible par des hommes armés non-identifiés vers 10H15 (09H15 GMT), selon le diplomate de haut rang.

Gravement “blessé par balles à l’abdomen”, l’ambassadeur a été évacué vers un hôpital à Goma “dans un état critique”, avant de succomber à ses blessures, a-t-il précisé à l’AFP.

Deux autres personnes ont également été tuées pendant l’attaque du convoi, a indiqué de son côté à l’AFP le major Guillaume Djike, porte-parole de l’armée dans la région du Nord-Kivu.

Les deux autres victimes seraient le chauffeur congolais et le garde du corps de l’ambassadeur, d’après plusieurs sources.

L’ambassadeur voyageait en voiture “dans un convoi de la Monusco”, la mission des Nations unies présente en RDC depuis plus de vingt ans, précise le communiqué du ministère italien.

Les victimes étaient dans un convoi de deux véhicules du PAM, sans présence de la Monusco, a indiqué pour sa part une source de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco).

Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui se trouvait à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues européens, a annoncé son retour anticipé à Rome.

Le président du Conseil européen Charles Michel s’est déclaré “choqué par l’attaque d’un convoi” et “les vies perdues”

“L’UE restera aux côtés de la RDC et sa population” pour la “sécurité et la paix”, a-t-il ajouté sur Twitter en présentant en italien ses condoléances à la famille.

– dizaines de groupes armés –

Luca Attanasio était ambassadeur en RDC depuis octobre 2019, après être arrivé dans le pays deux ans plus tôt en tant que chef de mission, selon sa biographie officielle.

Il était entré dans la carrière diplomatique fin 2003, après des études de commerce à l’Université milanaise Luigi Bocconi.

Il avait démarré à la direction des Affaires économiques, avant de travailler sur les questions africaines et la coopération internationale.

A l’étranger, il fut d’abord chef de la section économique et commerciale auprès de l’ambassade de Berne (2006-2010), puis consul général à Casablanca au Maroc (2010-2013). Après un passage à Rome, il était aussi devenu conseiller à l’ambassade d’Italie au Nigeria en 2015.

L’attaque contre ce convoi du PAM a eu lieu dans le territoire de Nyiaragongo, au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu en proie à la violence de dizaines de groupes armés depuis plus de 25 ans.

A proximité des lieux du drame, se trouvent les fiefs de la rébellion hutu rwandaise FDLR et des milices hutu congolaises Nyatura. Des rebelles congolais du M-23 sont également localisés dans la zone d’après un expert du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).

Cette région abrite le parc national des Virunga, dont au moins 200 rangers ont aussi été victimes ces dernières années d’embuscades des groupes armés dans l’exercice de leurs fonctions.

Le dernier incident en date remonte à début janvier, quand six rangers ont été tués dans le parc des Virunga.

Les groupes armés affirment défendre leur communauté mais se disputent souvent les ressources d’une région riche en minerais et en bois.

Luca Attanasio est le deuxième ambassadeur européen en fonction tué par balles en RDC, après le Francais Philipe Bernard, tué le 28 janvier 1993 lors d’émeutes qui avaient conduit à des pillages à Kinshasa, sous le règne de l’ex-président Mobutu Sese Seko.

  source: L’Express