Quelque 7,4 millions d’électeurs nigériens sont appelés, dimanche, à voter au second tour d’une présidentielle qui oppose le candidat du pouvoir, l’ancien ministre Mohamed Bazoum, sorti largement vainqueur du premier round, et l’ancien président Mahamane Ousmane.
Malgré l’insécurité qui règne au Niger, quelque 7,4 millions d’électeurs sont appelés, dimanche 21 février, à trancher le face-à-face qui oppose au second tour de la présidentielle le favori Mohamed Bazoum, fidèle du président sortant Mahamadou Issoufou, et l’opposant Mahamane Ousmane, ancien chef de l’État.
Le scrutin, qui concerne moins de la moitié des quelque 22 millions de Nigériens pour la plupart trop jeunes pour voter, doit se dérouler entre 8 h (7 h GMT) et 19 h (18 h GMT).
Tenir le vote sur l’ensemble du territoire sera sans doute le principal défi de ce scrutin, tandis que l’insécurité sévit à l’ouest avec des attaques de groupes jihadistes affiliés à l’organisation État islamique et à l’est avec des attaques des jihadistes nigérians de Boko Haram.
« Des milliers » de soldats ont été déployés pour sécuriser le scrutin, « surtout dans les zones exposées à l’insécurité », a assuré à l’AFP un haut responsable du ministère de la Défense.
Presque deux mois après le premier tour du 27 décembre, les Nigériens devront choisir entre les deux candidats qui se sont qualifiés : Mohamed Bazoum, qui a bénéficié lors de la campagne de l’imposante machine du parti au pouvoir, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), et le challenger Mahamane Ousmane, ancien président entre 1993 et 1996.
Mohamed Bazoum avait récolté 39,3 % des suffrages au premier tour, Ousmane presque 17 %.
Dans un pays rompu aux alliances politiques qui changent constamment mais y sont essentielles pour devenir chef d’État, d’importantes formations politiques ont rejoint entre les deux tours le camp présidentiel, donnant mathématiquement la coalition formée autour de Bazoum gagnante. Notamment, celles des 3e et 4e du premier tour, Seïni Oumarou et Albadé Abouba.
Mais certains doutent du report effectif des voix de ces partis. « C’est très loin d’être gagné », a dit à l’AFP Ibrahim Yahya Ibrahim, chercheur à International Crisis Group (ICG).
Première démocratique
Si le vote dans la capitale est historiquement acquis à l’opposition, celui de la seconde ville du pays, Zinder (sud-est), est sujet à débats : cette région, important bassin électoral, est le fief des deux candidats qui y ont passé les derniers jours de la campagne pour tenter de convaincre leurs électeurs.
« Le résultat à Zinder sera déterminant pour l’issue du scrutin », a dit à l’AFP un observateur avisé de la politique locale, sous couvert d’anonymat.
Quelques dizaines d’observateurs de la Communauté économique d’Afrique de l’ouest (Cédéao) ont été déployés pour surveiller la bonne marche du scrutin.
Si l’opposition boycottait sa participation à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) au premier tour, elle l’a finalement rejointe pour le second. « Tout est en place pour que le scrutin soit transparent », indique une source proche du parti au pouvoir, qui rappelle que la campagne s’est déroulée dans le calme et sans heurts.
Nonobstant, peu d’entrain des populations a été observé. Lors du premier tour, 69,7 % des électeurs s’étaient rendus aux urnes.
Le président actuel Issoufou, 68 ans, ne se représentait pas à l’issue de ses deux mandats constitutionnels, contrairement à de nombreux chefs d’État africains qui s’accrochent au pouvoir.
Ce sera la première fois que deux présidents élus se succèdent dans ce pays à l’histoire jalonnée de coups d’État depuis son indépendance en 1960.
Mais la vraie réussite de ce scrutin résidera sans doute dans l’acceptation des résultats par toutes les parties.
Entre les deux tours, l’opposition a déclaré qu’elle ne reconnaîtrait pas les résultats si elle les estimait entachés de fraude. Elle a déjà dénoncé de présumées fraudes lors du premier tour, mais a été déboutée par la justice.
Source: Sunu Afrik