Soudan: les jeunes déplacés du Darfour et le rêve de retrouver le village de leurs parents

Abdulmonam Eassa Enfants de l’école du camp de déplacés de Kassab, au nord du Darfour, au Soudan, le 15 février 2021.

Au Darfour, les violences telles que les conflits tribaux et les attaques de villages, se poursuivent. Dans les camps, les déplacés du conflit sont très réticents à l’idée de retourner chez eux mais leurs enfants, nés dans les camps, rêvent de retrouver leurs terres d’origine.

Au total, 2 300 enfants, âgés de 6 à 15 ans suivent les cours de l’école du camp de Kassab. L’écrasante majorité sont nés dans le camp et n’ont pas connu leur village d’origine. Pourtant, beaucoup souhaitent retrouver leurs racines, comme Noura Adam, 15 ans, qui déclare : « J’aimerais vraiment y aller un jour. Voir où mes parents vivaient, voir leur maison. Je veux voir ce qu’il reste puis revenir ici et réfléchir à comment je peux aider, notamment pour reconstruire notre ferme. La seule chose que mes parents m’ont dit sur le village, c’est qu’ils ont vu des gens mourir et qu’ils ont fui. Ils en parlent parfois lorsque quelque chose leur manque, quelque chose qu’ils ont laissé là-bas et qu’ils n’ont plus ».

Quelques-uns ont pu aller voir le village de leurs ancêtres mais les conditions de sécurité, toujours très dégradées, compliquent le retour. Les parents de Salama Abdou, 14 ans, viennent d’Al Simer. Elle est comme fascinée par ce lieu. « Quand nous y sommes retournés l’an dernier, on a commencé à cultiver mais on a été chassés, se souvient-elle. Les Arabes ont mangé nos récoltes et on a dû revenir au camp. Mes parents avaient tellement envie de rentrer chez eux ! Ils étaient tellement heureux de retrouver leur village mais quand ils ont été encore expulsés, ils étaient très déçus. Je veux apprendre l’histoire de leur village, retourner sur les terres de ma famille, cultiver, car c’est là-bas que tout a commencé pour mes parents. »

À cause de l’insécurité, aucun programme de retour massif des déplacés n’est en cours. La plupart restent dans les camps d’où ils dépendent en grande partie de l’aide humanitaire, depuis près de 20 ans.

  Source: Rfi