Le procès de deux ex-chefs de milices centrafricains, Alfred Yekatom Romboh et Patrice Edouard Ngaïssona s’ouvre ce mardi à la CPI. Les victimes attendent que justice leur soit rendue.
Le quartier PK5, un quartier musulman de Bangui compte parmi ses habitants, de nombreuses victimes des violences reprochées aux deux accusés. Les noms Ngaïssona et Yekatom sont sur toutes les lèvres.
A l’instar de Adramane Haroune, un habitant du 3ème arrondissement, plusieurs personnes attendent de la justice internationale une réponse à leur douleur comme.
“Nous demandons une seule chose : que le procès se déroule selon les règles de l’art, pour calmer la souffrance des victimes au regard de ce qui leur est arrivé. Leur foyer est détruit. Nous voulons simplement la transparence pour apaiser les victimes“.
Abacar Issa dit aussi espérer “que des cas similaires seront aussi jugés, comme celui de Alfred Yekatom Romboh à Mbaïki, dans le sud de la RCA. Ils ont commis beaucoup de crimes. Mais il faut que la justice fasse son travail. S’ils sont coupables qu’ils soient condamnés, mais s’ils sont innocents, qu’ils soient relâchés”.
Crise communautaire ?
Beaucoup considèrent les violences des milices anti-balaka et ex-séléka comme une crise à motivation communautaire. Un point de vue que ne partage pas Arnaud Yaliki enseignant chercheur, auditeur de justice et président de l’Association de la justice transitionnelle. Selon lui, ces procès sont d’abord politiques.
“Ces gens sont accusés ou seront accusés de crimes graves. Donc il faut vraiment entreprendre des procédures judiciaires de nature à établir la responsabilité au-delà de tout doute raisonnable. Pour ça il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte”, explique Arnaud Yaliki.
“Sachant que la justice est politique avant d’être juridique. Ça veut dire que tout dépend de la volonté politique. Sachant qu’il y a l’opportunité de poursuites, on doit veiller au moment de l’inculpation ou la mise aux arrêts de tel ou tel chef de groupe rebelle à ce que cela n’ait pas d’impact négatif sur la population surtout qu’il fut un moment où le gouvernement n’avait pas la possibilité de mettre la main sur tout le territoire”, poursuit Arnaud Yaliki.
A en croire le président de l’Association de la justice transitionnelle, “cette inquiétude d’une possible justice à sens unique est compréhensible mais seulement, il faut voir le verre à moitié plein, pour dire que la justice dans les pays en conflit est une large hypothèse et nous espérons d’ici demain peut-être qu’il y aura des rebondissements. Et il y a la Cour pénale spéciale qui est aussi là pour juger les mêmes crimes que ceux pour lesquels la CPI est compétente”.
Des dispositions sont prises par le bureau de la Cour pénale internationale avec les radios de la place pour permettre une retransmission du procès en direct en Centrafrique.
Patrice-Edouard Ngaïssona, ancien ministre centrafricain des Sports, et Alfred Yekatom, surnommé “Rambo”, sont jugés pour des crimes présumés commis en République centrafricaine lors de la guerre civile entre 2013 et 2014. En décembre 2019, la CPI avait déclaré qu’il existait suffisamment de preuves pour ouvrir un procès à l’encontre des deux anciens chefs de milices anti-balaka, dont les dossiers ont été joints.
Ngaïssona et Yekatom, détenus par la CPI respectivement depuis janvier 2019 et novembre 2018, sont notamment accusés de crimes tels que “le meurtre, le viol, la torture, le transfert forcé de population, la persécution et autres actes inhumains”.
Source: Dw