Le second tour de la présidentielle au Niger aura lieu dimanche 21 février. Les deux candidats en lice ont des approches de solution différentes pour ramener la sécurité.
Le sommet du G5 Sahel à N’Djamena se tient à moins d’une semaine d’une échéance électorale cruciale pour le Niger. Le pays organise en effet dimanche (21.02.21) le second tour d’une présidentielle âprement disputée entre le candidat du parti au pouvoir, Mohamed Bazoum, et l’ancien président Mahamane Ousmane.
La question sécuritaire occupe une place de choix dans le discours politique des deux hommes. Il faut dire que la lutte contre le terrorisme est l’un des principaux aspects sur lesquels se jouera cette élection.
Des attaques récurrentes
C’est avec une lourde attaque dans deux villages de l’ouest du pays que le Niger a commencé cette année électorale. 105 civils ont été tués début janvier par des djihadistes. C’est l’attaque la plus grave dans la région depuis 2012.
La lutte contre cette insécurité est un point central du programme des deux candidats au second tour dimanche prochain.
La politique de Mohamed Bazoum est connue puisque le dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou veut poursuivre la stratégie de son mentor, c’est-à-dire tisser des alliances offensives avec les armées étrangères.
“Sous Bazoum nous allons renforcer les alliances. Nous pensons que la présence des forces étrangères qui est un peu une mutualisation des ressources pour lutter contre le terrorisme n’entame en rien la souveraineté de nos Etats. La preuve, c’est qu’il y a des forces américaines aujourd’hui en Allemagne, en Arabie Saoudite, au Japon, et pourtant ces pays n’ont pas perdu leur souveraineté”, souligne Boubacar Sabo, secrétaire aux élections du PNDS Tarayya, dont le candidat est Mohamed Bazoum.
Le Niger abrite actuellement des bases militaires françaises et américaines.
Boubacar Sabo, secrétaire aux élections du PNDS Tarayya, dont le candidat est Mohamed Bazoum.
Tester une autre stratégie
Le candidat du parti “Renouveau démocratique et républicain Tchanji”, Mahamane Ousmane, pense au contraire que c’est une erreur de vouloir poursuivre la politique actuelle qui, selon lui, est infructueuse.
L’ancien président se targue d’avoir pu mettre fin aux rébellions armées dans les années 1990 par la voie de la négociation. Mama Sany Adamou, spécialiste nigérien des questions de sécurité, se montre ouvert lui aussi à l’idée d’une solution négociée.
“Je pense que la position du camp de Bazoum Mohamed pèche sur cette question parce qu’en vérité, on n’a pas de stratégie ! On est dépendant de ce que la France fait. On est déresponsabilisé. Par contre, l’approche du camp Mahamane Ousmane se veut une approche qui n’évacue pas la dimension du dialogue. Comme c’est le principal artisan des accords de paix du 24 avril 1995, où le Niger a fait la paix avec la rébellion armée, on peut supposer que cette approche va dans le sens de rechercher une solution entre Africains, étant entendu que cette solution ne peut pas être purement le tout répressif”, explique l’expert nigérien.
“Sans les renseignements que nous donnent les pays comme la France, nous sommes un peu aveugles”, avait affirmé en 2014 le président nigérien Mahamadou Issoufou cité par l’hebdomadaire Jeune Afrique. Malgré tout, au Niger comme au Mali, des manifestations sont régulièrement organisées contre la présence des forces étrangères.
Source: Dw