Au Maroc, l’historien Maati Monjib condamné à un an de prison pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’Etat »

Paul Schemm / AP Maati Monjib, opposant et militant des droits humains, à Rabat, le 17 septembre 2015.

L’opposant et défenseur des droits humains marocain, en détention préventive depuis un mois, n’a même pas pu assister à l’audience, qui avait lieu mercredi à Rabat.

L’historien marocain et défenseur des droits humains Maati Monjib a été condamné à un an de prison ferme pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’Etat », lors d’une audience à Rabat à laquelle il n’assistait même pas, a annoncé jeudi 28 janvier son avocat.

L’intellectuel de 60 ans est actuellement en détention préventive, et ses avocats n’ont pas été « notifiés que le verdict allait tomber » mercredi (alors que son procès a été ouvert en 2015), a expliqué Me Abdelaziz Nouaydi. Le jugement de mercredi, qui concerne six autres journalistes et militants des droits humains marocains, a été publié sur un site du ministère de la justice accessible aux avocats. C’est ainsi que ses défenseurs en ont pris connaissance, selon la même source.

M. Monjib, qui par le passé avait ouvertement accusé son pays de « terroriser les journalistes et les opposants en général », était resté en liberté jusqu’à son interpellation fin décembre pour des soupçons de « blanchiment d’argent ». Toutes les audiences de ce procès, qui vise à faire la lumière sur des malversations liées à la gestion d’un centre créé par M. Monjib pour promouvoir le journalisme indépendant, avaient été systématiquement renvoyées.

Un an ferme pour trois autres prévenus

Parmi les autres prévenus, trois ont écopé de un an de prison ferme et un autre de trois mois avec sursis, alors que les deux derniers devront verser une amende symbolique de 5 000 dirhams (460 euros). M. Monjib a également été condamné à une amende 15 000 dirhams (1 380 euros).

Depuis que ce dernier a été arrêté, plusieurs organisations internationales et marocaines défendant les droits humains – dont Amnesty International – ont appelé Rabat à le « libérer immédiatement et sans condition ».

Dans son dernier rapport annuel, Human Rights Watch estime que pour 2019 le « Maroc a intensifié sa répression contre des commentateurs des réseaux sociaux, des artistes et des journalistes exprimant des opinions critiques à l’égard de la monarchie ». A Rabat, la délégation interministérielle aux droits de l’homme a « catégoriquement » rejeté ces « mensonges » sur l’état de la liberté d’expression. Les autorités marocaines insistent régulièrement sur le « respect des procédures judiciaires » et « l’indépendance de la justice » du royaume.

  Source: Le Monde