RDC: députés et militants à l’Assemblée pour le bras de fer entre les camps Kabila et Tshisekedi

© RFI/Pascal Mulegwa Les forces de sécurité déployées aux abords du Parlement congolais, Kinshasa, le 10 décembre 2020.

En République démocratique du Congo (RDC), c’est une journée test pour les pro-Tshisekedi et l’opposition après l’annonce de la fin de la coalition avec le camp de Joseph Kabila. Opposition et pro Tshisekedi veulent faire tomber le bureau de l’Assemblée nationale. Après deux journées d’incidents entre militants des coalisés contre les pro Kabila, les pétitions contre les sept membres du bureau de la chambre basse du Parlement seront examinées ce jeudi après-midi.

Pour les pro Félix Tshisekedi, l’enjeu est de faire basculer la majorité parlementairequi était acquise à son prédécesseur Joseph Kabila. L’une des étapes de cette opération, c’est de changer le directoire de l’Assemblée nationale. Et cela se fait à travers des pétitions lancées contre chaque membre du bureau largement dominé par les fidèles de l’ancien président. 

Pour ce faire, il fallait mobiliser davantage les députés, les convaincre à participer à ce processus, que certains qualifient d’irrégulier. Ce qui va sans doute se faire parce que les députés de tous bords arrivent. À la mi-journée, environ 200 députés sont déjà présents et d’autres arrivent. Certains pro Joseph Kabila affirment qu’ils sont venus prouver que la majorité n’a pas changé. Ils clament leur décision de voter en faveur du maintien de l’actuel bureau dirigée par Jeanine Mabunda. Entretemps, isoloirs et urnes sont déjà installés.

L’autre défi du jour est de sécuriser le périmètre du palais du peuple, siège du Parlement, pour éviter les affrontements entre le camp de Félix Tshisekedi et celui de Joseph Kabila. Le pari n’est pas encore gagné parce que les deux groupes se sont mobilisés, les pro-Joseph Kabila sont moins nombreux, mais le risque d’affrontement est là en dépit de la présence de la police qui a été déployé aux alentours du bâtiment, un dispositif sécuritaire très dissuasif. 

Des tensions entre forces de l’ordre et militants

Le siège du Parlement est complètement quadrillé par les unités de la police mobilisées pour barrer la route aux militants qui veulent investir l’assemblée nationale. Sans banderoles ni insignes, difficile de savoir à quel parti politique ils appartiennent, même si la plupart disent être de l’UDPS, le parti présidentiel. Peu avant midi, la police les a dispersés à l’aide de gaz lacrymogènes. « Les instructions ont été données pour éviter toutes casses », a dit à RFI l’un des chefs des opérations de maintien de l’ordre sur place.

« Kabila est fini, Jeanine Mabunda va tomber », scandent des militants massés à une centaine de mètres du Parlement. La police entend garder le même dispositif jusqu’à la fin de la plénière. À leur passage avant d’accéder au palais du peuple, certains députés pro Kabila se sont fait hués par les militants. 

Si le dispositif est aussi dissuasif c’est également pour éviter des infiltrations dans la salle de plénière. Mardi, les pro-Kabila accusaient leurs adversaires de faire passer leurs militants pour des élus. C’est ce que la police contrôle aussi aujourd’hui, elle vérifie qu’aucune arme soit introduite dans l’enceinte de la salle plénière du palais du peuple. Beaucoup de journalistes ont eu du mal à avoir accès au bâtiment.

Si pour les pétitionnaires, le bureau de Jeanine Mabunda va tomber, côté pro FCC, on assure que le mot d’ordre a été donné aux élus de protéger ce bureau en votant contre les pétitions. En cas d’échec, ses caciques rassurent que la vraie démonstration de force serait lors de l’élection du nouveau bureau.

  Source: Rfi