[Tribune] Dix ans des « Printemps arabes » : le choix mortifère entre le chaos ou la liberté

© Zoubeir Souissi/REUTERS Manifestation, à Tunis, devant l'Assemblée constitutionnelle, le 22 novembre 2011.

Un bilan mitigé, voire négatif. Dix ans après la vague populaire qui a traversé le monde arabe, les désillusions sont nombreuses. Mais la dynamique de changement est toujours là.

Voilà bientôt dix ans que Mohamed Bouazizi s’immolait en Tunisie et que la révolution du Jasmin allait enflammer le monde arabe en ouvrant la voie à de nombreux processus révolutionnaires, avec l’espoir d’une démocratisation de ces sociétés.

Malheureusement, il n’en a rien été, globalement. Certains pays ont certes fini par y parvenir, dans la douleur et avec fracas. D’autres ont basculé dans la guerre, ou sont revenus à une stabilité autoritaire, soutenue le plus souvent par des puissances régionales.

 Si la Tunisie est de ce point de vue une réussite, elle est pour certains un modèle à abattre en raison de la trop grande place prise selon eux par les courants islamistes et fréristes dans le jeu démocratique. Mais la plupart des leaders politiques ont préféré cadenasser au plus vite les aspirations des citoyens de la région. Manifestations réprimées, rejet d’un quelconque processus politique populaire, basculement dans la guerre.

Le prix de la révolution

La Syrie et la Libye, comme le Yémen, ont payé le prix fort de la révolution avec un dirigeant qui tient toujours après huit années de guerre, un autre tué en 2011 et dont le pays se déchire depuis. Quant au Yémen, le pays connaît une dramatique catastrophe humanitaire depuis que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont mis en tête d’en déloger les rebelles houthis, soutenus par l’Iran.

D’autres pays ont fait mine de promettre à leurs peuples un changement démocratique qui n’est resté que de façade, comme en Algérie, après des mois de Hirak. Certains laissent encore un peu d’espoir, comme au Soudan ou en Irak pendant que d’autres sont plongés dans le désespoir comme le Liban, au bord de la ruine politique et économique.

 

  Source: Jeune Afrique