Congo-B.: À Madingou, les politiques se concertent pour la présidentielle

(image d'illustration) Wikimedia/Jomako Vue de Brazzaville, capitale du Congo.

Parti de la majorité, opposition, et représentants de l’ancien chef rebelle, le Pasteur Ntoumi, sont réunis depuis mercredi 25 novembre à Madingou pour préparer la présidentielle de 2021. Le scrutin est prévu en mars. Plus d’une centaine d’acteurs politiques et de membres de la société civile sont présents à ces assises. Que faut-il attendre de ces concertations politiques de le premier objectif affiché est d’apaiser le climat politique avant cette échéance ?

C’est le vice-Premier ministre Firmin Ayessa qui a planté le décor en ouvrant cette concertation politique : « Ce qui nous rassemble ici, de par son essence, est pour toute société humaine, le ferment de l’harmonie, le catalyseur de la paix et le moteur du progrès », a déclaré M. Ayessa. 

Porte-parole du Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir), Parfait Iloki se félicite de la mobilisation constatée à cette grand-messe. « La concertation de Madingou 2020 a finalement battu le record de participation de la classe politique congolaise. Nous félicitons donc les organisateurs pour cela, et surtout aussi l’opposition qui n’est pas venue pour faire le faire-valoir à cette concertation », a-t-il indiqué. 

L’opposant Clément Miérassa, qui n’a pas été invité à la concertation, s’attendait plutôt à un dialogue devant traiter de la crise multidimensionnelle que traverse le Congo. 

« Comme problème brûlant dans le pays, il n’y a pas que la gouvernance électorale. Le Fonds monétaire international (FMI) est là pour témoigner que le Congo a beaucoup de défis parmi lesquels les problèmes de gouvernance et de transparence. Cette gouvernance est politique, économique et financière. Elle concerne tous les domaines », a analysé M. Miérassa. 

 « Partage de gâteau »

Mais du côté des principales plateformes de la société civile on reste sceptique sur les avancées qui pourraient en sortir.

Concertations d’Ewo en 2011, de Dolisie en 2013, Sibiti en 2015, Ouesso en 2017, et maintenant Madingou… « C’est devenu un rituel », souligne Roch Euloge Nzobo, un brin désabusé. Le coordonnateur du cercle des droits de l’homme et du développement estime qu’il y a pas grand chose à attendre de ces nouvelles concertations, destinées uniquement selon lui à un « partage de gâteau » entre participants en vue de la présidentielle.

« Ca veut dire que ces politiciens vont se retrouver pour dire : “bon, nous allons aller aux élections, acceptons que le président soit candidat et que vous aussi vous ayez vos candidats. Promettez que vous n’allez pas contester vos candidats. Il y aura aussi des députés de l’opposition, vous ne serez pas mis à l’écart. »

Il déplore l’absence à ces concertations des opposants les plus virulents, à commencer par les deux ex-candidats, toujours en prison. Même critique pour Joe Ebina Washington, qui coordonne la plateforme de la société civile du Congo.

« Nous ne donnons pas de crédibilité à une concertation sans la libération des prisonniers politiques dont le général Mokoko. Parce qu’il faut rappeler que c’est par rapport à la crise post-électorale qu’il y a eu tout ça, donc on ne peut pas faire une concertation sans donner la liberté à ceux qui d’ailleurs doivent rentrer dans cette concertation pour qu’il y ait un apaisement généralisé. »

Lui continue de plaider pour un « véritable dialogue », qui aborde les problèmes de fonds du Congo.

Sauf changement, les travaux de la concertation de Madingou seront clos vendredi, à la veille de la célébration du 62ème anniversaire de la proclamation de la République. 

  Souce: Rfi