Sans surprise, le Conseil constitutionnel ivoirien a confirmé ce lundi 9 novembre les résultats de la CEI proclamant la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle du 31 octobre dès le premier tour.
Le Conseil constitutionnel a confirmé tous les chiffres de la Commission électorale ivoirienne : Alassane Ouattara réélu pour un troisième mandat, dès le premier tour à 94,27% des voix, contre 1,99% pour son adversaire KKB ; un taux de participation de 53,9%. Le Conseil constitutionnel n’a reçu aucun recours lors de la période de contentieux qui s’est achevée dimanche.
Il a aussi validé le choix de la CEI de ne comptabiliser que 17 000 des 22 000 bureaux de vote, c’est-à-dire ceux ou l’élection a pu se dérouler. En raison des appels à la désobéissance civile et au boycott actif, le scrutin n’a en effet pas pu se tenir dans 5 000 bureaux. La CEI avait donc calculé la participation sur une base de 6 millions d’inscrits et non pas 7,5 millions. Les juges ont donc validé ce calcul, invoquant la « pratique électorale confirmée par la jurisprudence » se référant à la présidentielle de 1995 « également impactée par un boycott actif ».
Ouattara appelle au dialogue
Ce lundi soir, après la décision du Conseil constitutionnel, Alassane Ouattara s’est adressé à la nation dans une allocution télévisée. Dans un discours d’un peu plus d’un quart d’heure, Alassane Ouattara a remercié comme il se doit ses électeurs et félicité son adversaire KKB pour son « attitude républicaine ». Puis s’est adressé à l’opposition qui a opté pour le boycott actif et la désobéissance civile. « Nous déplorons malheureusement les incidents provoqués par l’opposition politique avec des conséquences parfois dramatiques. »
Promettant la justice aux victimes et la rigueur de la loi aux auteurs de violences, Alassane Ouattara a invité les Ivoiriens au « pardon mutuel ». Le président ivoirien avait aussi un message à cette opposition qui refuse de le reconnaitre et qui a lancé un « conseil national de transition ». Initiative qui a déclenché une série d’arrestations dans ses rangs.
« Je demande à la plateforme politique qui a choisi d’agir en dehors de l’ordre constitutionnel de mettre un terme définitif à cette initiative. Je voudrais donc inviter mon aîné, le président Henri Konan Bédié à une rencontre dans les prochains jours pour un dialogue franc et sincère en vue de rétablir la confiance. Je demande à tous nos concitoyens dans un élan d‘apaisement des esprits et des cœurs, d’œuvrer pour maintenir et renforcer la paix et le vivre ensemble. »
Opposants recherchés ou arrêtés
Une volonté affichée d’apaisement qui marque une inflexion dans la fermeté de ces derniers jours. Après l’annonce des résultats par la commission électorale, l’opposition qui avait appelé au boycott, avait annoncé le 2 novembre la création d’un « conseil national de transition ». Le régime a réagi en arrêtant et plaçant en détention préventive une douzaine d’opposants, dont le numéro 2 du PDCI, Maurice Kakou Guikahue, et Pascal Affi N’Guessan le président du FPI légal, qui a été présenté à un juge d’instruction ce lundi.
Pascal Affi N’Guessan a été entendu pour la première comparution par le juge du 9e cabinet d’instruction, qui lui a présenté les différents chefs d’accusation, une trentaine, dont attentat à la sûreté de l’Etat, acte de terrorisme, viol, crime, meurtre, etc. Ils l’ont placé sous mandat de dépôt et le juge nous a fait savoir que pour des raisons de sécurité, il ne pouvait pas nous dire où on l’amenait.