Les premiers résultats des élections présidentielle, législatives et locales en Tanzanie ont commencé à tomber jeudi 29 octobre. Les candidats du pouvoir sortent quasiment tous largement vainqueurs. Plusieurs membres de l’opposition ont été arrêtés après avoir manifesté contre ces résultats qu’ils ne reconnaissent pas. À l’international, la crédibilité du scrutin est remise en question, notamment à Washington.
Toute la journée de jeudi, le parti ACT-Wazalendo a dénoncé la répression du pouvoir contre ses membres. À Zanzibar, ses président, vice-président et membres du comité central ont été arrêtés juste après avoir appelé à manifester pacifiquement contre la fraude électorale. L’un d’eux aurait été battu par la police, puis hospitalisé. Le directeur de campagne aurait lui été violemment interpellé à son domicile. Le mouvement d’opposition serait sans nouvelles de lui.
Le principal adversaire du président John Magufuli, Tundu Lissu, a déjà annoncé que son camp ne reconnaîtrait pas les résultats de ce qu’il a décrit comme une fraude « unique dans l’histoire du pays ». Il a dénoncé une mascarade, avec des bourrages d’urnes, des bulletins pré-remplis. Des milliers de ses observateurs se seraient vus interdire l’accès aux bureaux de vote.
L’ONG Tanzania Election Watch appelle à un décompte juste et transparent
Des observateurs internationaux ont, eux aussi, critiqué le processus. Les États-Unis ont reconnu « des doutes sur la crédibilité des résultats ». Washington a demandé aux autorités de dialoguer avec l’opposition et de laisser les Tanzaniens manifester pacifiquement. Tanzania Election Watch, une ONG internationale composée de personnalités africaines, parle d’événements ayant « entaché la crédibilité du vote ». L’organisation a appelé à un décompte juste et transparent, en demandant à la Commission électorale d’enquêter sur les plaintes.
Son président Frederick Ssempebwa a néanmoins rappelé que « malheureusement, les chiffres publiés par la NEC n’étaient pas susceptibles de recours ». Il s’est inquiété de possibles violences à venir. À noter que dans le territoire semi-autonome de Zanzibar, le candidat du parti au pouvoir, Hussein Mwinyi, l’a emporté avec 76% des voix. Il succède à Ali Mohamed Shein et devient le 8e président de Zanzibar depuis 1964. Il a appelé les opposants à se joindre à lui pour construire ensemble ce territoire.
Source : rfi