La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, est en visite officielle au Soudan depuis samedi 17 octobre. C’est le premier contact officiel entre les autorités issues de la révolution de 2018 et la CPI et c’est l’occasion, pour Khartoum et la procureure, d’évoquer concrètement le jugement des crimes commis sous le régime de l’ancien chef de l’État Omar el-Béchir.
« Cette visite historique est une preuve de la réforme totale du nouveau Soudan ». C’est ainsi que le Premier ministre Abdallah Hamdok a résumé sa rencontre dimanche à Khartoum avec Fatou Bensouda.
Plus tard, dans un communiqué, il a rappelé que « l’engagement » de son pays « pour la réalisation de la justice » ne faisait « pas seulement partie de ses obligations internationales » mais répondait aussi « à des revendications populaires », c’est-à-dire l’une des revendications essentielles de la révolution de 2018.
Fatou Bensouda a quant à elle évoqué un « double objectif » pour sa visite. D’une part, expliquer la « complémentarité du travail de la Cour et de l’appareil judiciaire soudanais sur le Darfour » et de l’autre, demander « la coopération des autorités soudanaises dans la collecte d’informations » sur Ali Kosheib, le chef janjawid, aujourd’hui détenu à La Haye après s’être rendu aux autorités, en RCA, début juin.
Pour ce faire, elle a rencontré le ministre de la Justice, le Darfouri Nasredine Abdelbari, puis le numéro deux du Conseil souverain, le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemeti », lequel a confirmé que le gouvernement soudanais était prêt à coopérer avec la CPI, sans plus de précisions.
Quel sera le sort décidé pour Omar el-Béchir et ses deux anciens ministres ?
Trois responsables de l’ancien régime sont toujours détenus par le nouveau pouvoir au Soudan, notamment l’ancien président Omar el-Bechir, poursuivi depuis 2009 par la CPI pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour et ses deux anciens ministres, Ahmed Haroun et Abdel Raheem Muhammad Hussein, rapporte notre correspondant à Nairobi, Sébastien Németh. Ils sont tous les trois détenus à Khartoum et réclamés par la CPI.
Quant au sort des trois prisonniers, Abdallah Hamdok a déclaré que les autorités étaient prêtes à coopérer, sans aller plus loin. Hemeti a dit la même chose, en précisant avoir insisté « sur l’indépendance de la justice soudanaise ». Le pouvoir de transition au Soudan reste donc ambigu car en effet, le pays a ouvert sa propre enquête sur les crimes de l’ancien régime, guerre du Darfour incluse. Hasard ou non, la semaine dernière, les trois prisonniers ont été interrogés par le procureur soudanais.
Source : rfi