La libération de l’otage français, Sophie Pétronin, a mis un coup de projecteurs sur les Occidentaux encore retenus dans le Sahel. Mais à leurs côtés, il y a aussi un nombre indéterminé d’otages maliens et sahéliens. Des prises d’otage de locaux qui sont nettement moins médiatisées.
Cette semaine, vingt personnes ont été enlevées dans la commune de Farabougou, dans le centre du pays. Neuf d’entre elles étaient encore retenues ce dimanche. Ces prises d’otages visant des Maliens anonymes sont moins médiatisées que les celles d’Occidentaux ou de personnalités de premier plan comme le chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, mais elles existent.
Difficile de connaître leur nombre exact, mais pour le chercheur Ibrahim Maïga, chercheur à Bamako pour l’ISS, c’est un phénomène « significatif ». Même s’il obéit parfois à des logiques différentes de l’enlèvement d’étrangers :
« On a probablement des dizaines d’otages aux mains de ces groupes-là, soit des représentants de l’État, soit des hommes d’affaires, mais évidemment, ça répond à des logiques parfois différentes. Très souvent, les otages nationaux sont retenus dans des zones pas très éloignées de là où ils ont été capturés. Cela est lié, parfois, à leur statut d’otage national, donc la valeur marchande est souvent moins élevée que pour un otage occidental. »
Et pour le chercheur, la valeur pécuniaire de l’otage n’entre pas forcément en ligne de compte lors de ces enlèvements.
« Dans les négociations liées à des otages nationaux, la rançon n’est parfois pas le critère le plus important. Les groupes peuvent se servir de cette détention, soit pour obtenir des informations, soit en représailles à une collaboration supposée ou réelle, avec d’autres forces armées nationales et internationales. En ce qui concerne les otages militaires -puisqu’il y en a-, les groupes mettent l’accent davantage sur la libération de prisonniers ou de combattants prisonniers. Les échanges de prisonniers, on en parle moins, ils sont moins médiatisés, bien entendu, mais cela existe », rappelle Ibrahim Maïga.
Source : rfi