L’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, est mort mardi à 91 ans, a annoncé le palais royal de ce riche pays pétrolier du Golfe. Son demi-frère, le prince héritier Nawaf Al-Ahmad Al-Sabah, 83 ans, a rapidement été désigné nouvel émir et doit prêter serment ce mercredi. Le gouvernement a annoncé 40 jours de deuil national.
Après son hospitalisation au Koweït le 18 juillet, le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2006, avait transféré « temporairement » une partie de ses pouvoirs au prince héritier. Il est décédé aux Etats-Unis, où il s’était rendu fin juillet pour un traitement médical, selon les autorités qui n’avaient donné aucun détail sur sa maladie. Il avait subi plusieurs opérations depuis 2002.
Un médiateur influent
Cheikh Sabah était considéré comme l’architecte de la politique étrangère du Koweït moderne, grand allié des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite tout en entretenant de bonnes relations avec l’Iran. Riyad a ainsi présenté ses condoléances tandis que Téhéran a salué « la modération et l’aplomb » du défunt.
Après la mort en janvier du sultan Qabous d’Oman, c’est un autre médiateur influent qui disparaît dans une région marquée par des tensions avec l’Iran et la dispute, depuis 2017, entre le Qatar d’une part et l’Arabie saoudite et ses alliés de l’autre. Dans ce dossier, cheikh Sabah a joué les médiateurs et appelé à une désescalade. Les Nations unies ont salué un dirigeant « distingué (…) reconnu mondialement pour sa sagesse, sa générosité et ses succès en matière de construction de l’Etat et de diplomatie préventive ». Les Emirats arabes unis, l’Egypte, le Liban et le Qatar ont même déclaré trois jours de deuil en hommage à l’émir.
Un allié de la paix au Yémen
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a, lui, salué la « contribution (de l’émir) à la stabilité régionale et à l’assistance humanitaire ». Au Yémen en guerre, le ministre des Affaires étrangères Mohammed al-Hadhrami, a présenté ses « sincères condoléances aux frères au Koweït ». Et le porte-parole des rebelles Mohammed Abdelsalam a affirmé que les Houthis « n’oublieraient jamais le rôle (de l’émir) en faveur des négociations de paix (…) ni son amour pour le Yémen ».
Son règne a toutefois été marqué par des troubles politiques, manifestations et arrestations d’opposants mais aussi la chute des prix du pétrole, dont le Koweït dépend. Considéré comme un libéral, notamment en raison des réformes économiques et sociales qu’il a introduites, il a toutefois écarté la légalisation des partis politiques. Sur le plan politique, son successeur ne devrait pas être différent alors même que deux de ses voisins, les Emirats arabes unis et Bahreïn, ont décidé de normaliser leur relation avec Israël. Rien ne signale un changement dans la posture du pays sur ce point, souligne Kristin Diwan, de l’Arab Gulf States Institute, basé à Washington, pour qui « la priorité des dirigeants sera d’abord la stabilité interne » du Koweït, où les législatives sont prévues d’ici deux mois.
Source : 24Minutes