Les Ethiopiens ont jusqu’à fin novembre pour changer leurs coupures de « birrs » actuelles. La mise en circulation de nouveaux billets est une mesure qui est officiellement destinée à fortifier l’économie, mais qui aurait également une arrière-pensée politique. Car cela affaiblirait de fait la région du Tigré, qui a organisé l’élection de ses députés la semaine dernière, en dépit de l’interdiction des autorités fédérales.
Les billets de 10, 50 et 100 birrs éthiopiens changent de couleur et de dessins. Un nouveau billet de 200 birrs est mis en circulation. Les nouvelles coupures seront également mieux sécurisées. En annonçant cette mesure lundi, le Premier ministre Abiy Ahmed a expliqué qu’il s’agit de lutter contre « le financement d’activités illégales, la corruption et la contrebande ».
C’était, il est vrai, une vieille revendication de l’Association des banquiers éthiopiens, qui a calculé que 113 milliards de birrs, soit 2,6 milliards d’euros, se trouvent aujourd’hui hors du circuit bancaire, ce qui pèse sur les liquidités des banques éthiopiennes et joue sur l’inflation. Le mois dernier, le gouvernement avait d’ailleurs limité le plafond des retraits mensuels autorisés en liquide.
Mais cette mesure est également lue par plusieurs analystes comme ayant une dimension politique, destinée à peser sur la marge de manœuvre de la région du Tigré, en rupture avec le gouvernement fédéral. Alors que les subsides allouées par Addis Abéba à la région s’apprêtent à être coupées en mesure de rétorsion, le parti au pouvoir dans le Tigré, le TPLF, détiendrait en effet un « trésor de guerre » en liquide. Qui du coup serait littéralement « démonétisé » d’ici trois mois
Soure : rfi