L’opposant rwandais Paul Rusesabagina inculpé pour terrorisme

AFP/Stringer L'opposant rwandais Paul Rusesabagina à Kigali le 14 septembre 2020.

Sans surprise, Paul Rusesabagina a été inculpé lundi 14 septembre au Rwanda. L’ex-dirigeant de l’Hôtel des mille collines et opposant avait disparu le 27 aout à Dubaï pour réapparaître quelques jours plus tard à Kigali. 13 chefs d’inculpation ont été retenus contre lui parmi lesquels terrorisme, meurtre et conspiration dans le but d’enrôler des enfants au sein de groupes armés.

 Pour le parquet rwandais, Paul Rusesabagina n’est rien de plus qu’un chef d’un groupe armé qui a orchestré des attaques sur le sol rwandais. Ces attaques remontent à 2018 et sont attribuées aux FLN à l’époque présentés comme la branche armée du MRCD, mouvement cofondé par Paul Rusesabagina.

L’accusation explique avoir obtenu des preuves sur les appareils de l’accusé, dont une partie aurait été fournie par la police belge lors d’une perquisition à son domicile cette année. Le parquet aurait aussi en sa possession des messages qu’il a échangé avec, entre autres, le chef historique des FLN aujourd’hui décédé, Wilson Irategeka. Toujours selon l’accusation, Paul Rusesabagina a lui-même admis devant les enquêteurs avoir contribué au financement de ce groupe à hauteur de 20 000 euros et chapeauté une levée de fonds de 300 000 euros.

Des avocats accusés de travailler pour le régime

Paul Rusesabagina a refusé de plaider coupable ou non coupable. Il est apparu assisté par deux avocats qui ont mis en cause certaines des preuves avancées, mais qui sont accusés par la famille de l’opposant et ses avocats étrangers de travailler pour le régime. Paul Rusesabagina lui-même s’est contenté de nuancer les propos de l’accusation, assurant qu’il avait bien versé de l’argent, mais pour des raisons humanitaires. Il s’est excusé des crimes commis par les FLN, assurant que ce n’était pas la mission qui leur avait été confiée.

 La semaine dernière, l’ONG Human Rights Watch avait insisté sur le fait que Paul Rusesagabina avait été victime d’une disparition forcée, synonyme depuis dix ans au Rwanda, toujours selon l’ONG, de torture ou menaces pour des aveux. Elle avait estimé que l’ancien hôtelier n’aurait pas de procès équitable au Rwanda.
 
      Source : rfi