Massacres d’Inates: le ministre de la Défense nigérien conteste les conclusions de la CNDH

ISSOUF SANOGO / AFP Des soldats nigériens en patrouille (photo d'illustration).

Au Niger, le ministre de la Défense continue de soutenir son armée envers et contre tous. Issoufou Katambe nie, une nouvelle fois, toute responsabilité de ses soldats dans les massacres qui ont endeuillé le secteur d’Inates, dans la région de Tillabéri, au nord-ouest du pays.

 Au Niger, les massacres d’Inates ont eu lieu en mars et avril derniers et ont fait au moins 71 morts. Les conclusions d’une enquête menée par la Commission nationale des droits humains (CNDH) accusent des éléments de l’armée nigérienne d’être responsables de ces tueries de victimes civiles dont les corps ont été retrouvés dans plusieurs fosses communes de la région.

Issoufou Katambe, ministre de la Défense nigérien, estime que c’est à la justice d’établir la vérité sur ce qui s’est passé.

L’armée ne se reconnait pas à travers ces massacres et nous continuons à apporter notre soutien aux forces de défense et de sécurité dans le combat qu’elles mènent de jour et de nuit contre les terroristes ou contre la criminalité transfrontalière. […] J’ai reçu le rapport de la CNDH. J’ai accusé réception et l’ai envoyé au niveau de la juridiction compétente. […] La CNDH a dit ce qu’elle a à dire. Nous avons dit ce que nous avons à dire. Attendons que la juridiction tranche.

Un soutien à l’armée pour éviter tout risque sécuritaire

Pour Seidik Abba, spécialiste des groupes terroristes dans la zone du Sahel, ce soutien infaillible s’explique par le fait que le pouvoir souhaite éviter un risque sécuritaire. « Les autorités politiques ont encore besoin de cette armée sur le front, sur la zone des trois frontières. Le pouvoir a besoin d’un investissement total de l’armée ».

 Mais le chercheur souligne que le risque est aussi politique
« parce qu’on ne sait pas comment les militaires peuvent être amenés à réagir s’ils sont désavoués par l’autorité politique. La réaction pourrait être celle d’une mutinerie ou la tentation d’une irruption sur la scène politique comme c’est arrivé au Mali. Donc l’ensemble de ces facteurs fait qu’on se retrouve dans une situation où le pouvoir politique peine à reconnaître cette responsabilité ».
Seidik Abba rappelle également que « ce n’est pas seulement le cas au Niger mais aussi au Burkina Faso, au Mali, où des allégations de violations de droits de l’homme ont été dénoncées par des organisations qui ont documenté ces différentes accusations de bavures commises par les armées régulières de ces pays ».
 
     Source : rfi