En Côte d’Ivoire, la Société générale, portée par le mobile money, axe sa stratégie sur les entreprises et la clientèle de millionnaires du pays.
La Société générale Côte d’Ivoire (SGCI), filiale ivoirienne du groupe bancaire français Société générale oriente désormais sa stratégie sur le développement du digital et du mobile money pour poursuivre de sa croissance soutenue. Un plan qui a réduit de 40 % la fréquentation des agences par la clientèle physique. Et la démarche n’est d’ailleurs pas différente de celle de ses concurrents immédiats dans le pays tels la panafricaine Ecobank, ou les marocains Attijariwafa et BMCE, ou encore Banque Atlantique.
Sur la période 2018-2023, le digital doit représenter 30 % du portefeuille des projets de la banque. La banque en ligne a progressé en 2019, avec plus de 59 % des clients particuliers qui ont émergé, pour 61 % du corporate.
En marche vers le mobile money, Société générale a d’ailleurs lancé plusieurs applications telles que Sogepay en 2016, qui permet de recharger son crédit de téléphone depuis son compte bancaire, où encore Connect (libellé SGCI Connect en Côte d’Ivoire), qui facilite les transactions bancaires courantes.
Déclinaison « business » de Yup
Mais le service de mobile banking sur lequel Société générale s’appuie pour accélérer sa stratégie en Côte d’Ivoire est Yup. Né de son partenariat avec la fintech française TagPay en 2017, et indépendant des opérateurs de téléphonie, Yup poursuit sa progression. La Côte d’ivoire enregistrait à fin 2019 environ 3 500 points marchands.
Yup est le porte-monnaie électronique créé pour les clients non bancarisés, il permet de stocker de l’argent et d’effectuer des transactions via une application mobile ou auprès d’un vaste réseau d’agents. Le système fonctionne avec tous les opérateurs. La SGCI cible le vivier des 80 % de personnes non bancarisées.
“NOUS SOMMES DANS LA DYNAMIQUE DE RENFORCER CE SEGMENT”
La déclinaison business, dédiée aux entreprises, totalisait quant à elle 7 000 bénéficiaires pour un million de transactions portant sur le paiement des salaires et le remboursement de frais. « Ce marché se porte bien pour les particuliers et les entreprises. Nous sommes dans la dynamique de renforcer ce segment » a soutenu Aymeric Villebrun, l’administrateur directeur général de Société générale Côte d’Ivoire à l’occasion de la présentation des résultats financiers 2019 à Abidjan.
Yup Business permet notamment de payer les salaires en minimisant les risques liés à la manipulation de liquidités et en réalisant des économies de charges liées au transport de fonds sur site, en réduisant la sécurité additionnelle nécessaire, les fraudes éventuelles et le coût d’un personnel dédié à cette tâche.
Cap sur les millionnaires confirmé
Encore en phase de lancement, le segment banque privée est toujours dans le viseur de SGCI. La filiale n’a ouvert, pour l’heure, que deux agences spécialisées en 2019 : une pour la banque privée et gestion patrimoniale et une autre pour les PME. Et même si la banque patrimoniale, qui cible les quelque 2 500 millionnaires du pays (avoirs et actifs de plus de 300 millions de francs CFA), a encore une activité embryonnaire, les ambitions sont là.
« Nous n’avons aucune crainte quant au développement de cette activité. Nous avons décidé de lancer ce projet après avoir identifié des besoins du marché sur ce segment », avait précisé Franck Bonin, le directeur du développement du groupe basé au siège parisien, à Abidjan lors du lancement de l’activité en juin 2019.
Au niveau chiffres, sur la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), malgré un environnement marqué par la morosité, les cours du titre SGCI a évolué de + 14 % depuis le début de l’année alors que l’indice boursier reculait de 16 %. Le cours du titre SGCI est la troisième meilleure performance de l’année avec une capitalisation de 271 milliards de francs CFA (413 millions d’euros).
La banque tricolore a gardé sa place de leader du marché avec 2 152 milliards FCFA de total au bilan en 2019, en progression 13 % par rapport à 2018. Et le résultat net s’est soldé à 50,3 milliards FCFA, une bonne nouvelle pour les actionnaires qui recevront cette année. À noter, qu’une partie du résultat estimé à 41,8 milliards FCFA a servi à renforcer les capitaux propres, qui sont passés à 211 milliards FCFA contre 167 milliards FCFA auparavant. Enfin, les encours de crédit, environ 1 622 milliards FCFA et le trade finance font partie des leviers de croissance de la banque.
Source: Jeune Afrique