Coronavirus: diaspora de Centrafrique, le difficile deuil à Bangui

Pixabay/klickblick Le deuil est une étape importante dans la perte d'un proche.

La Centrafrique est encore relativement épargnée par le Covid-19 avec 94 cas confirmés. Et si le pays ne décompte encore aucun décès sur son territoire, la diaspora centrafricaine, elle, n’est pas épargnée. Des décès à des milliers de kilomètres, dans des conditions sanitaires compliquées.

 Sur l’écran du téléphone d’Hervé se trouvent moins de dix membres de la famille proche, masque blanc sur leurs visages. Une enceinte fait l’écho de la dernière prière de l’imam avant la mise en terre dans la banlieue parisienne.

La connexion coupe régulièrement. Vivre le décès de son père ainsi, à distance, est un vrai défi pour Hervé Serefio. « C’est très dur, parce qu’il fallait d’abord gérer au téléphone, tout ce qui est organisation au niveau de l’hôpital avec la famille », explique Hervé. « Vous savez quand un être cher décède dans la famille, surtout un baobab, un père… Quand on te dit que tu ne peux pas assister à la mise en bière de ton père, venir le voir une dernière fois ; c’est ça qui était très dur pour la famille. Pour moi, c’est encore plus dur, parce que j’aurais aimé être là. Moi qui suis très très proche de mon père, j’aurais aimé être là pour lui rendre cet hommage pour une dernière fois », regrette-t-il.

« J’ai essayé de gérer ça comme j’ai pu »

La famille Mageot est elle aussi très touchée. Deux membres sont décédés des suites du Covid-19. « Je l’ai appris sur les réseaux sociaux. Je me suis quand même permis d’envoyer un message dans sa messagerie privée. Il n’y avait pas de réponse et ça a été confirmé qu’il venait de décéder du Covid-19 », raconte Brice, l’un des neveux.

Pour lui, la perte est difficile à réaliser. « J’ai essayé de gérer ça comme j’ai pu. Il y a eu une petite cérémonie funéraire le rassemblement familial, j’ai choisi de ne pas y aller parce que je savais que j’allais mal le vivre. Et ce que j’ai fait, j’ai relu quelques-uns des échanges que j’ai eus avec lui. Pour moi, la perte n’était pas tant physique (j’ai vu, je n’ai pas vu). Peu importe ce que je vais lui écrire, il n’y aura plus ses réponses », soupire Brice.

« On ne peut pas faire notre deuil »

Serge Bruno Mageot est l’un des frères des deux défunts. En plus de la douleur, il ne peut s’empêcher de se questionner. « Cela s’est passé vraiment très vite. Je ne sais pas si mes deux frères et sœurs ont reçu les soins nécessaires pour éviter cette mort-là. C’est une grande perte pour notre famille. Ils étaient les piliers, nous nous retrouvons orphelins », explique Serge Bruno Mageot.

Pour lui, il est difficile de trouver les mots pour décrire ses sentiments. Mais l’émotion est palpable. « Ça a été vraiment très dur. Après le décès on n’a pas pu les enterrer dignement que ce soit en France ou ici à Bangui. Imaginez un peu la suite. On ne peut pas faire notre deuil. C’est impossible », dit-il, la gorge serrée.

La famille a déjà prévu de mener des démarches légales pour pouvoir rapatrier les dépouilles. Mais la première des choses sera, à la reprise des vols, d’aller se recueillir sur leurs tombes.

 

Source : rfi