Le Maroc et l’UE vont revoir leur modèle de coopération économique suite à la pandémie

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Le Maroc propose à l’UE de «mener une étude conjointe sur la capacité de créer dans le cadre d’un nouveau mode de coopération un moyen d’améliorer mutuellement [leur] résilience» face à des crises comme celle du Covid-19, a déclaré le ministre marocain de l’Industrie et du Commerce.

 «Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve.» La célèbre formule du poète et philosophe allemand Friedrich Hölderlin (1770-1843) semble avoir toute sa place dans la conception du prochain modèle de partenariat économique entre le Maroc et l’Union européenne à l’aune des graves impacts de la pandémie. Convaincu que les insuffisances du modèle actuel sécrètent les bases de leur propre dépassement, le ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy, a proposé le 27 avril à la commissaire européenne à la Concurrence et au Numérique, Margrethe Vestager, de revoir en profondeur la coopération entre les deux parties afin d’augmenter leur capacité de résilience industrielle face à ce genre de catastrophes sanitaires. Le Maroc a déjà donné l’exemple avec la production de masques de protection.

Dans une déclaration à la presse, M.Elalamy a proposé une «révision en profondeur du partenariat Union européenne-Maroc au regard des leçons tirées des impacts de la pandémie».

Expliquant que la crise du coronavirus «a montré le besoin affirmé de l’Europe de revisiter son outil de production des activités dites stratégiques», le ministre informe avoir proposé de «mener une étude conjointe sur la capacité de créer dans le cadre d’un nouveau mode de coopération, un moyen d’améliorer mutuellement notre résilience à ce type de crises».

«Le Maroc a découvert lui-même de nouvelles dimensions»

Concernant la manière avec laquelle les industries marocaines du textile et de l’électromécanique ont réussi à relever le défis de se reconvertir pour se lancer dans la fabrication de masques de protection et de respirateurs artificiels, le responsable affirme que «le Maroc a découvert lui-même de nouvelles dimensions de son secteur industriel qui peut apporter un nouveau souffle à cette résilience». Il précise que Mme Vestager a «souscrit à cette proposition d’ouverture de nouveaux horizons de partenariat».

L’exploit réalisé par l’industrie marocaine est à méditer. En effet, alors que le royaume chérifien n’était pas producteur de masques de protection, en quelques semaines 37 entreprises du textile ont réussi à se lancer dans cette aventure, produisant environ cinq millions d’unités par jour, dont 4,5 millions sont quotidiennement distribuées aux 66.000 points de ventes, dont les pharmacies. Par ailleurs, le Maroc a réussi à se constituer un stock de sept millions de masques, assure Moulay Hafid Elalamy dans une déclaration à l’agence officielle Maghreb Arabe Presse (MAP). Son prix unitaire, fixé par l’État, est de 80 centimes de dirham (7 centimes d’euro).

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Un produit de qualité

Malgré l’urgence sanitaire, les autorités marocaines ne se laissent pas aller à la facilité. Elles imposent un cahier des charges strict aux entreprises qui se sont lancées dans la fabrication de masques de protection. En effet, ils doivent répondre à un certain nombre de caractéristiques, «surtout limiter la projection de gouttelettes de l’usager potentiellement atteint de coronavirus sur son voisinage», explique un responsable de l’Institut marocain de normalisation (IMANOR), ajoutant qu’ils doivent «protéger contre toute attaque externe sans gêner la respiration», conformément aux règles et aux normes internationales de qualité. Les entreprises marocaines ont pour objectif de produire 80 millions de masque pour se lancer dans l’exportation.

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Selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, le Maroc, qui a mis en place un prototype de respirateur artificiel aux normes internationales, se lancera «progressivement [dans] la fabrication [de ces] appareils de haut niveau, dont l’annonce se fera prochainement».

La fabrication de gel hydroalcoolique a également été lancée, a annoncé le responsable, précisant que «24.000 litres d’éthanol sont produits chaque jour».

 

Source : Sputnik