Coronavirus : les musulmans se préparent à un ramadan morose

© Amr Nabil/AP/SIPA Des policiers saoudiens gardent la Kaaba, le bâtiment cubique de la Grande mosquée, dans la ville sainte musulmane de La Mecque, en Arabie saoudite, le 6 mars 2020.

Pèlerinage annulé, mosquées fermées, rassemblements interdits… De l’Arabie saoudite au Maroc, les fidèles se préparent à un mois sacré, qui devrait commencer ce jeudi 23 avril pour nombre de musulmans, plus morne qu’à l’accoutumée.

 « Nos coeurs pleurent », se désole le muezzin Ali al-Molla, de la Grande mosquée de La Mecque, la ville sainte de l’islam, désertée à l’approche du mois du jeûne du ramadan en raison de la pandémie de Covid-19 et du confinement généralisé dans nombre de pays musulmans. « Nous sommes habitués à voir la Grande mosquée bondée de gens pendant le jour, la nuit, tout le temps. C’est un profond déchirement », confie-t-il.

Ces dernières semaines, en lieu et place de la foule habituelle, un vide inédit entoure la Kaaba, grande structure cubique noire drapée de tissu brodé d’or, en direction de laquelle prient les musulmans du monde entier. Pour contenir la propagation du nouveau coronavirus, les autorités saoudiennes ont suspendu le petit pèlerinage, la omra, à La Mecque et Médine.

Le grand pèlerinage annuel, le hajj, qui devait avoir lieu cette année fin juillet, est lui aussi menacé d’annulation, Riyad ayant appelé les musulmans à suspendre leur préparatifs de voyage à La Mecque. À l’unisson, les autorités religieuses de plusieurs pays ont soutenu ces restrictions, insistant sur la nécessité de prier à la maison et éviter les rassemblement.

Masques, gants et désinfectant

À Jérusalem, qui abrite la mosquée d’Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, le Grand mufti, Mohammad Hussein, a annoncé des restrictions similaires concernant la prière pendant le ramadan. Aussi, le mois sacré – qui devrait commencer le 23 avril – se déroulera dans une ambiance inédite : pas de voyage dans les villes saintes de l’islam, pas de prière nocturne à la mosquée (tarawih), pas de rassemblements pour de grands repas du soir (iftar), et pas même de réunion entre amis jusque tard dans la nuit.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé aux pays « d’empêcher un grand nombre de personnes de se rassembler dans des lieux associés aux activités du ramadan, tels que les lieux de divertissement, les marchés et les magasins. » Le mois de jeûne est généralement une période de forte consommation des ménages dans les pays arabo-musulmans.

 

    Source : Jeune Afrique