Covid-19 : au Nigeria, le bras droit du président Buhari est mort

© Philip Ojisua / AFP via Getty Images Le chef de cabinet du président nigérian, Abba Kyari (L), en photo avec l'ancienne représentante américaine aux Nations unies Samantha Power et le président nigérian, Mohammadu Buhari. (R). Kyari est décédé des suites d'un coronavirus.

Le directeur de cabinet et principal conseiller du chef de l’État nigérian Muhammadu Buhari est décédé après avoir contracté le nouveau coronavirus, a annoncé, ce samedi 18 avril, la présidence à Abuja. Il se battait depuis un mois contre la maladie. « Le défunt avait été testé positif au Covid-19 qui fait des ravages et recevait des soins. Mais il est décédé le vendredi 17 avril 2020 », indique le communiqué. « Que Dieu accepte son âme. » Il sera enterré ce jour selon les rites islamiques, a fait savoir l’assistant personnel du chef de l’État, Basir Ahmad, via son compte Twitter.

 Une perte immense pour l’administration Buhari

Son âge exact n’a jamais été révélé publiquement, mais il avait vraisemblablement plus de 70 ans, et il était un personnage mystérieux, une figure du premier cercle de Buhari. Originaire de l’État de Borno, Kyari était avocat et banquier, diplômé des universités de Cambridge et de Warwick au Royaume-Uni au début des années 1980. Après avoir été directeur général de l’United Bank for Africa, il a rejoint Buhari en 2015, avant d’être renouvelé à son poste clé en 2019. Abba Kyari contrôlait l’accès au chef de l’État. Il supervisait toutes les réunions stratégiques à la présidence et accordait les audiences du président aux ministres.

Des politiciens pas épargnés

Il avait été testé positif au coronavirus fin mars, après un séjour en Allemagne, suscitant la panique au sommet de l’État et obligeant dans la foulée plusieurs hauts responsables nigérians ayant été en contact avec lui à se mettre en quarantaine. Le 29 mars, Kyari avait annoncé avoir été transféré à Lagos, la capitale économique du Nigeria, pour être soigné et espérait « être de retour à [son] bureau très bientôt ». La présidence n’a pas communiqué sur la question de savoir si le président Buhari a lui-même été testé au coronavirus, mais le chef de l’État a prononcé ces derniers jours plusieurs discours télévisés pour annoncer des mesures destinées à freiner sa propagation. D’autres personnalités politiques, comme les gouverneurs des États de Bauchi (Bala Mohammed) et Oyo (Seyi Makinde), ont contracté le virus en mars et se sont rétablies. Le gouverneur de Kaduna, Nasir El-Rufai, est toujours pris en charge.

Sur les réseaux sociaux, certains Nigérians pleurent la perte d’un homme souvent incompris et d’autres soulignent le manque d’aptitude du gouvernement à traiter la question de la santé en priorité. « Ils ont refusé de réparer le secteur de la santé, c’est la conséquence », écrit un internaute. Un autre dit que « Abba Kyari a refusé de s’auto-mettre en quarantaine à son retour dans le pays, en a infecté d’autres. Ils ont refusé de fermer nos frontières, et nous voici dans un système médical défaillant. » Pour un autre, « le chef de cabinet du président, M. Abba Kyari, est décédé. Nous appartenons à Allah et à Lui nous reviendrons. Qu’Allah lui pardonne ses fautes. » « Abba Kyari est mort, je ne vais pas m’en réjouir parce qu’il est aussi un être humain. Mais connaissez-vous des millions de Nigérians innocents qui sont morts à cause du système de santé médiocre ? J’ai vu mon jeune frère mourir devant moi parce que l’oxygène n’était pas disponible. »

Inquiétudes

Les autorités fédérales ont imposé un confinement à Lagos et dans la capitale, Abuja, mais les gouverneurs d’autres États ont, eux aussi, pris des mesures, comme fermer leurs frontières. Le pays le plus peuplé d’Afrique, avec 200 millions d’habitants, est particulièrement vulnérable à la crise sanitaire, en raison de son système de santé fragile et de sa forte densité de population.

 

    Source : Le Point