La présidente de la Banque centrale européenne a pris la parole, jeudi 9 avril, pour évoquer la crise financière qui accompagne la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus. Christine Lagarde distille quelques pistes et quelques conseils, dont un majeur : le salut des pays européens passe par leur unité.
Sa parole compte parmi les plus importantes dans le contexte actuel. Christine Lagarde a choisi de s’exprimer ce jeudi 9 avril, et elle n’a pas lésiné sur les canaux : une tribune dans Le Monde, une interview dans Le Parisien, une intervention sur France Inter… La patronne de la Banque centrale européenne (BCE) avait des messages à faire passer.
Récession et crispation en Europe
Ses interventions médiatiques interviennent dans une semaine difficile. Inévitablement, la crise sanitaire du Covid-19 a mis à mal l’économie européenne. Mercredi, la France a annoncé une baisse de son PIB de 6% au premier trimestre 2020, un repli plus vu depuis 1945 et synonyme de récession. L’Allemagne, habituelle locomotive et bonne élève de l’Europe, a elle tablé sur un recul de près de 10% au deuxième trimestre. Partout sur le continent et dans le monde entier, le coronavirus provoque des paralysies désastreuses et annonciatrices de crash économique.
« Les gouvernements européens doivent être côte à côte »
Dans les colonnes du quotidien Le Monde, la présidente de la BCE annonce que la crise provoquée par le Covid-19 ne peut être affrontée « à l’aide de recettes anciennes ». Pour y faire face, « les gouvernements européens doivent être côte à côte pour déployer ensemble des politiques face à un choc commun », martèle Christine Lagarde. L’ex-directrice du Fonds monétaire international prévient : « Si tous les pays ne se relèvent pas, les autres en pâtiront. En se montrant solidaire, on sert en fait ses propres intérêts. »
Soutenir les emplois fait partie des priorités. « Ils n’ont jamais été autant menacés depuis les années 1930 », remarque-t-elle. Dès le 19 mars, la BCE a débloqué 750 milliards d’euros pour soutenir l’économie. Dans Le Parisien, Christine Lagarde évoque aussi les banques européennes, « beaucoup plus solides qu’elles ne l’étaient en 2008 », grâce à une vigilance plus stricte. Maintenant, place à l’action : « Nous sommes dans une période où nous devons utiliser tous nos outils sans hésitation. »
Pas d’annulation de la dette
Dans ce combat que les Européens doivent mener « côte à côte », les nouvelles négociations de l’Eurogroupe montreront un premier signe encourageant. Les fameux « coronabonds » qui crispent les nations ne doivent pas faire l’objet d’une « fixation », tempère Christine Lagarde, toujours dans les colonnes du Parisien. La solidarité, d’accord, mais d’autres moyens existent. L’ex-ministre de l’Economie française prône un traitement égal, sans pour autant livrer la solution miracle.
Toutefois, Christine Lagarde rejette l’idée d’une annulation de la dette colossale contractée. « Les Européens devront rembourser un jour », a-t-elle déclaré au Parisien. Au micro de France Inter, elle a enfoncé le clou : une annulation globale lui « paraît totalement impensable ». Cet endettement aura besoin de plusieurs années pour être épongé. Le chemin sera long et les pièges à éviter nombreux. Trouver un élan collectif constituerait un bon début.
Source : rfi