Jihadisme au Mozambique: la crainte d’une contagion régionale

Les experts n’ont pas tous la même analyse de l’intensité du lien entre le groupe local mozambicain et l’État islamique qui a revendiqué l’attaque de la ville de Palma, il y a douze jours. Mais une chose est sûre : l’insurrection au Cabo Delgado prend de l’ampleur et gagne du terrain.

Après l’attaque lancée le 24 mars contre la cité portuaire de Palma, dans l’extrême nord du Mozambique, de nombreux rescapés continuent à affluer dans les localités de la province. Selon l’ONU, environ 10 000 ont pu être secourus et 23 000 sont encore sur la péninsule d’Afungi, près du projet gazier de plusieurs milliards d’euros, piloté par Total.

Les organisations humanitaires décrivent des personnes traumatisées, très affaiblies. Beaucoup d’habitants qui ont fui les combats à l’arrivée du groupe insurgé surnommé localement Al Chabab (différent du groupe somalien des shebabs) sont sans nouvelle de leurs proches.

Affilié à l’organisation État islamique

Ce groupe actif depuis 2017 est affilié à l’organisation État islamique depuis 2019. L’EI a d’ailleurs revendiqué l’attaque de Palma. Les experts ne lisent pas de la même manière le lien entre le groupe local mozambicain et l’EI. Pourtant, un aspect de la situation met tout le monde au diapason : l’insurrection au Cabo Delgado prend de l’ampleur, gagne du terrain.

Depuis août dernier, les forces gouvernementales ne contrôlent plus la ville de Mocimboa Da Prahia et la situation à Palma n’est pas claire. Ses méthodes sont de plus en plus violentes. Et lors de l’attaque de Palma, pour la première fois, des étrangers (expatriés) ont été pris pour cible.

« Une grave crise humanitaire »

L’organisation régionale SADC déplore « une grave crise humanitaire ». L’Union africaine plaide de son côté pour une réaction régionale et internationale « urgente ».

« Ce que les gouvernements craignent, c’est qu’à mesure que cette insurrection prend de l’ampleur sur le terrain, elle attire de plus en plus de combattants venus d’autres pays, notamment de pays voisins, qui repartiraient ensuite chez eux avec de nouvelles idées et essaient de faire, par exemple, ce que les shebabs somaliens ont fait au Kenya, c’est-à-dire perpétrer des attaques terroristes spectaculaires contre des hôtels, des centres commerciaux ou une base militaire américaine sur la côte, analyse Dino Mahtani, directeur adjoint du programme Afrique de International Crisis Group, qui s’est rendu en ce début d’année au Cabo Delgado.

Il y a aussi une préoccupation grandissante de voir certains réseaux islamistes internationaux commencer à utiliser la partie sud de l’Afrique comme base arrière pour échanger des idées, et créer des liens entre jihadistes de différentes parties du continent. »

  Source: Sunu Afrik