Djibouti est plus que jamais indexé dans la déstabilisation et les crimes de masse dans le Détroit de Bab al-Mandeb. Depuis 2015, entre 100 000 et 200 000 personnes ont été tuées dans la guerre au Yémen. Dans ce conflit sanglant, beaucoup d’armes et de munitions auraient transitées par les côtes djiboutiennes, avant d’être utilisées au Yémen par des milices.
Selon un rapport d’E.X.X Africa, une société spécialisée dans l'analyse des risques politiques et économiques en Afrique, Djibouti jouerait un rôle de premier plan dans la déstabilisation de la Corne de l’Afrique. Le document précise que des hautes personnalités politiques, militaires et des chefs d’entreprises publiques djiboutiens font passer les armes dans la région vers des pays comme la Somalie, le Soudan du Sud et l’Ethiopie. Selon E.X.X Africa, ces armes transitent par le terminal portuaire de Doraleh, contrôlé par le gouvernement djiboutien. Elles sont également transportées à bord d'embarcations de pêche, à destination de nombreux groupes rebelles de la région.
« Nous avons identifié un nombre de leaders politiques au sein du gouvernement et dans l'armée et même des chefs d'entreprises publiques qui facilitent, financent ou coordonnent le transport de ces armes, venant du Yémen ou de la Chine, vers des foyers de tension en Afrique », raconte Robert Besseling, le directeur exécutif de E.X.X Africa. Il précise que E.X.X Africa a « la preuve que le contingent djiboutien au sein de la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) fait passer, à la frontière, des armes de Djibouti vers le Nord de la Somalie aux séparatistes armés, loyaux au gouvernement djiboutien ou financés par lui », affirme Robert Besseling. Une bonne quantité de ces armes serait destinée au Puntland, une région située dans le nord de la Somalie.
Le silence complice de la communauté internationale
Toutes ces opérations se déroulent ainsi sous le regard complice de la communauté internationale. « Les nations occidentales, qui pourraient émettre des sanctions, ne peuvent pas le faire. Parce que sinon ce sera la Chine qui va prendre tout le territoire, toute l'économie », assure Jean-Loup Shaal, président de l'Association pour le respect des droits de l'homme à Djibouti. Il soutient également que Djibouti se donne une bonne image publique en se cachant derrière l’assistance aux pays comme la Somalie et le ravitaillement des bateaux luttant contre la piraterie dans la région.
La Rédaction