Tunisie: des blessés de la révolution de 2011 en grève de la faim depuis deux semaines

REUTERS - ZOHRA BENSEMRA 14 janvier 2011 à Tunis. La foule manifeste contre le régime Ben Ali.

Le pays s’apprête à marquer jeudi, le dixième anniversaire de la chute de Ben Ali. Mais la liste des personnes tuées et blessées lors de la révolution de jasmin, en janvier 2011, n’a toujours pas été publiée au Journal officiel. Elle devrait faire figurer 130 morts et plus de 600 blessés. Un groupe de blessés et familles de martyrs, jugeant ce retard insupportable, a forcé l’entrée du bureau du président de l’instance des martyrs et blessés. Ils affirment qu’ils n’en ressortiront qu’une fois la liste publiée.

La vingtaine de personnes déterminées n’a qu’un seul mot d’ordre : faire appliquer la loi en publiant la liste officielle. Ce qui permettrait une reconnaissance pour ces blessés et familles de personnes tuées.

Omar Idoudi, blessé le 13 janvier 2011, vit avec des broches dans le bras qui entrainent régulièrement des complications : « Je vais à l’hôpital, je paie avec mes sous. Comme tous les blessés de la révolution, le gouvernement il s’en fout de nous. Combien y a-t-il de blessés de la révolution ? Normalement, la vérité, 3600. Mais ils ont changé, ils ont 600 confirmés. » Lui-même dit figurer sur la liste.

Pour Wael Karrafi qui a perdu une jambe suite à des tirs policiers à Kasserine, cette publication est essentielle : « Publier cette liste permettrait déjà de reconnaitre que la révolution a bien eu lieu.  Et ça permettrait à la justice de faire son travail contre les responsables. Même s’ils sont devenus aujourd’hui des responsables officiels. »

Contraint de quitter son bureau où des matelas sont installés, Abderrazak Kilani comprend la demande qu’il qualifie de légitime. Mais le président de l’instance des martyrs et blessés de la révolution, nommé par le chef du gouvernement, n’a pas les moyens de faire publier cette liste : « Il faut que la décision soit prise dans ce sens. C’est une affaire politique. Moi je ne fais pas de politique, je suis là en mission noble pour continuer l’oeuvre de la justice transitionnelle. »

Le chef de l’État, Kaïs Saïed, a affirmé que ce dossier figurait parmi ses priorités.

  Source: Rfi