La mort d’al-Sahraoui, chef de l’EIGS, ne met pas un terme aux violences au Sahel

(Image d'illustration) RFI/Coralie Pierret Des militaires maliens en opération dans la zone des trois frontières, où est actif l'EIGS, avec les soldats français de Barkhane, lors d'un contrôle de village en décembre 2019.

Adnan Abou Walid al-Sahraoui est mort. Le chef de l’Etat islamique dans le Grand Sahara, a été tué lors d’un raid aérien de la force française Barkhane au Nord Est du Mali. Le président français a salué un « nouveau succès majeur dans le combat contre les groupes terroristes au Sahel ». Et pourtant, dans les régions frappées par l’insécurité, l’annonce de la mort du leader terroriste ne suscite pas de grands espoirs comme dans le Tillabéri, au Sud-Ouest du Niger.

« Nous ne sommes pas soulagés », explique Amadou Harouna Maïga, coordinateur du comité Union Tillabéri pour la paix, la sécurité et la Cohésion sociale. « Ils continuent de tuer, de prendre le bétail et de brûler les greniers », poursuit-il.

Les attaques continuent

Au début de 2021, les violences menées par l’EIGS contre les civils sont montées d’un cran dans les régions nigériennes frontalières avec le Mali. Il y a d’abord eu les massacres de Tchomabangou et Zaroumdareye qui ont fait une centaine de morts. Puis il y a eu Banibangou où une cinquantaine de personnes sont mortes en mars et enfin Tillia, dans la région de Tahoua, où 137 personnes ont été assassinées.

En juin, Barkhane et l’armée nigérienne ont infligé de lourdes pertes à l’EIGS, mais malgré cela les violences se poursuivent. Les terroristes ont même attaqué un village du Tillabéri le week-end dernier, alors que le président Mohamed Bazoum était en déplacement dans cette région.

« L’EIGS est disloqué et il leur faudra du temps pour se réorganiser », explique un ancien combattant de la région. « En attendant, ce sont les civils qui souffrent, car il leur faut des ressources et sans cadres, il y a aussi plus d’indiscipline » conclut-il.

Pour le journaliste mauritanien Isselmou Ould Moustapha, spécialiste des questions de terrorisme, sa mort est certes un coup dur pour l’organisation, mais ne signifie pas la fin des violences dans la région. « Ces organisations-là ont une certaine autonomie par rapport à leurs chefs. Elles évoluent avec divers groupes disparates ayant des commandants locaux. Finalement, ils n’ont qu’une vague allégeance vis-à-vis d’un chef », analyse le journaliste.

 Source: Rfi