La course à la direction de l’OMC, un scrutin très scruté

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L’élection à la tête de l’organisation paralysée depuis décembre 2019 par les différends commerciaux entre la Chine et les États-Unis n’a jamais suscité autant d’intérêt.

Ils sont encore cinq en lice, mais ne seront plus que deux à la fin de cette journée. Le long processus de désignation du futur directeur-général de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), démarré mi-juin et attendu pour se terminer le 7 novembre au plus tard, va connaître une étape décisive cet après-midi lorsque Xi Xiaozun, le directeur général adjoint de l’organisation, dévoilera les noms des deux finalistes devant la presse internationale réunie à Genève.

Car l’arrivée d’un nouveau responsable à la tête du commerce mondial, dont le siège est vacant depuis le 31 août, n’a semble-t-il jamais suscité autant d’intérêt. « La crise majeure que traverse actuellement l’institution et les incertitudes liées au Covid-19 posent de graves questions sur l’évolution des échanges commerciaux », explique Manfred Elsig, expert en relations internationales à l’université de Berne.

Au-delà des cercles feutrés de la diplomatie mondiale

Habituellement suivie tous les quatre ans par seuls initiés, l’attention portée à l’élection du prochain patron de l’OMC va cette fois bien au-delà des cercles feutrés de la diplomatie mondiale, au point que même les bookmakers anglais ont un avis sur la question. Comparée souvent à l’élection du pape pour son opacité et sa confidentialité, celle du directeur général de l’OMC connaît cette année un vent de modernité avec ses têtes d’affiches encadrées par les meilleurs cabinets conseils et son scénario à rebondissements, à commencer par la démission surprise – et toujours inexpliquée – de l’ancien titulaire du poste, le Brésilien Roberto Azevedo, le 14 mai.

Les résultats du premier round destiné à éliminer trois candidats, le 18 septembre, avait déjà provoqué l’étonnement, avec l’élimination d’un des favoris, le Mexicain Jesus Seade, victime selon lui « de la guerre d’influence que se livre aujourd’hui certains gouvernements et qui n’a rien à voir avec le niveau d’expertise des candidats ».

Car il semble bien que la décision finale, même si elle reste l’apanage du board de l’OMC, ne dépendra pas seulement des traditionnelles petites faveurs diplomatiques accordées par les uns aux autres. « Les enjeux sont cette fois bien trop importants », estime Manfred Elsig.

    Source : Jeune Afrique