«Ils ont brûlé nos maisons» : à la frontière éthiopienne, l’exil des réfugiés s’intensifie

(Image d'illustration) REUTERS/Tiksa Negeri Des civils éthiopiens dans le Tigré, 9 novembre 2020.

Alors que le conflit s’envenime dans le Tigré, plus de 40 000 réfugiés ont franchi la frontière avec le Soudan selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Ils continuent d’arriver par milliers, venant chaque jour d’un peu plus loin.

L’ultimatum lancé par les troupes fédérales aux forces du Parti de libération du peuple de Tigré regroupées dans la capitale de la région Mékélé expire ce mercredi. D’après le gouvernement éthiopien, l’armée a encerclé la ville et s’apprête à lancer le siège du bastion du TPLF. Le porte-parole de l’armée éthiopienne a appelé les civils à se sauver : « Après, il n’y aura aucune pitié », a-t-il ajouté. De son côté, le TPLF a assuré que ses forces tiennent bon et ont infligé plusieurs défaites aux troupes fédérales.

Au bord de la rivière Tekezé qui marque la frontière entre l’Éthiopie et le Soudan, un bateau s’échoue sur la rive avec fracas. De l’embarcation, une cinquantaine de réfugiés sortent des sacs de farine, des poules, un vélo, tout ce qu’ils ont pu emporter dans la panique.

« Ils ont pris nos possessions, ils ont brûlé nos maisons. On est affamés »

« Nous sommes d’un village à côté de Dansha. On a marché presque trois semaines. On a dû payer des contrebandiers pour nous trouver un chemin sûr et échapper aux soldats et aux miliciens. Ils ont pris nos possessions, ils ont brûlé nos maisons. On est affamés. Les soldats disaient de rebrousser chemin mais tous ceux qui l’ont fait ont été massacrés », témoigne Kiros Tades, qui est venu de loin avec sa famille.

 Sur la rive, un jeune homme ne quitte pas l’Éthiopie des yeux. « Ma femme était en train d’accoucher à l’hôpital de Humera. Puis la ville a été bombardée, on a fui pour se cacher dans les champs. Ils veulent tuer les jeunes Tigréens donc j’ai dû laisser ma femme derrière moi avec nos deux jumeaux. Maintenant j’attends qu’ils arrivent », raconte Burhane, qui attend ici depuis deux jours

En file indienne, ces nouveaux exilés grimpent la pente qui les emmène jusqu’au poste frontière de Hamdayet. Mardi, 1 200 personnes ont traversé la rivière, venant s’ajouter aux dizaines de milliers d’autres qui s’entassent dans les camps soudanais.

Source: Rfi