Ethiopie: l’UA tente une médiation, l’inquiétude grandit pour les réfugiés du Tigré

AFP - EDUARDO SOTERAS Un combattant des forces spéciales amhara à Humera, à la frontière de l'Ethiopie avec l'Erythrée, le 22 novembre 2020.

Deux jours après l’annonce de l’offensive sur Mekele, la capitale provinciale du Tigré, toujours peu d’informations sur l’avancée des combats dans le Nord, où les télécommunications sont encore coupées. L’Union africaine a rencontré ce vendredi matin 27 novembre le Premier ministre Abiy Ahmed, tandis que l’inquiétude grandit surle sort des civils dans le Tigré. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU, les 100 000 réfugiés érythréens dans les 4 camps de la province, autour de Shire, n’auront plus rien à manger « dès lundi » si les autorités éthiopiennes n’ouvrent pas la zone. 

 Comme promis, les trois émissaires de l’Union Africaine ont été reçus par Abiy Ahmed ce vendredi matin à Addis-Abeba, pour le convaincre d’arrêter son avancée sur Mekele. 

Le Premier ministre continue de refuser cette initiative. Selon lui, le Tigré est une affaire strictement nationale. Il refuse d’ailleurs aux émissaires l’accès à la province, eux qui souhaitaient rencontrer les leaders du TPLF.

Difficile de savoir ce qu’il se passe à Mekele. La ville de 500 000 habitants serait calme à l’heure qu’il est, selon des sources diplomatiques. Les combats seraient situés à une cinquantaine de kilomètres. La télévision d’État éthiopienne assure que l’armée a repris Wukro à 40km de Mekele, une information encore difficilement vérifiable. Plus au Nord, des roquettes auraient de nouveau visé la capitale érythréenne Asmara ce vendredi soir.

 

Mekele toujours sous blocus 

Mekele connaît une pénurie d’essence. La province, sous blocus militaire et humanitaire, pourrait manquer de nourriture rapidement, assurent les Nations Unies. 

Malgré plus de dix jours de négociations, le gouvernement empêche les ONG de porter assistance aux populations tigréennes. Pourtant, des camions remplis de tonnes de nourriture et de médicaments sont prêts à prendre la route depuis Addis-Abeba.

L’UNICEF a tiré la sonnette d’alarme en annonçant qu’environ la moitié des habitants de la province se trouvait en besoin d’assistance humanitaire.

Réfugiés érythréens livrés à eux-mêmes

Le paysage de la frontière érythréenne, c’est une plaine désolée. Là, autour de Shire, se trouvent les baraquements de Shimelba, Hitsats, Mai Ani et Adi Harush où vivent 96 000 Erythréens ayant fui leur pays ces dernières années.

Depuis les début du conflit, les informations en provenance de ces camps ont été rares. Le 12 novembre, le HCR faisait savoir que les combats s’étaient rapprochés de Shimelba et que des réfugiés allaient donc être transférés à Hitsats, à 50 km de là. Mais une semaine plus tard, des sources diplomatiques affirmaient que la guerre s’approchait précisément de ce camp-là, avec lequel plus aucun contact n’a été noué depuis par les familles des réfugiés.

À Adi Harush, la situation est tendue. Joint par nos confrères de Radio Erena, un réfugié explique qu’une jeune femme et un enfant ont été tués cette semaine par un obus de mortier tiré par les forces du TPLF. Les réfugiés qui voulaient fuir, raconte-t-il, ont été stoppés par les Fannos, ces milices paysannes amharas qui combattent avec l’armée régulière et casernent autour du camp. Les réfugiés érythréens sont livrés à eux-mêmes, sans eau, sans électricité et sans beaucoup de réserves de nourriture, confirme-t-il. Leur crainte : les incursions de l’armée érythréenne et les exactions des miliciens incontrôlés.

   Source : rfi