Éruption du Nyiragongo: le retour des déplacés à Goma pose la question de la reconstruction

REUTERS - STRINGER Une fissure barre une artère de Goma après des tremblements de terre dans cette ville de l'est de la RDC, le 26 mai 2021.

Le gouvernement a autorisé le retour progressif et ordonné de la population déplacée suite à l’éruption volcanique du 22 mai. Mais la population qui retourne à Goma risque d’être confrontée à plusieurs défis notamment le logement et surtout aux difficultés d’approvisionnement en eau potable. Le gouvernement congolais étudie désormais la possibilité de déplacer la ville de Goma.

Bidons à la main, des enfants, des femmes et des hommes font la queue dans le quartier de Munigi à Goma, devant le réservoir de la Régideso, la société nationale de distribution d’eau.

Jean-Paul, la cinquantaine révolue, sera en retard au travail ce matin. Il est obligé de venir en personne puiser l’eau pour lui et sa petite famille. « On arrive ici dès 6 heures du matin. Pour puiser de l’eau, c’est très difficile. Si vous envoyer les enfants ou la femme, ils risquent de passer nuit ici. Nous sommes ici pour remplir mêmes deux bidons et regagner la maison », explique-t-il.

Suite aux dégâts causés par la lave, le réservoir est déconnecté du circuit de la ville. Il est à présent ravitaillé plusieurs fois par jour par le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) pour desservir une population d’environ 60 000 personnes, détaille notre envoyé spécial sur place, Patient Ligodi.

Mais la quantité semble insuffisante pour Agnès. « L’eau apportée par la Croix-Rouge dessert trois groupements. Beaucoup d’autres habitants des villages avoisinant sont venus se réfugier ici. La situation devient compliquée, la quantité d’eau est insuffisante pour cette contrée. Nous demandons au gouvernement provincial de nous venir en aide ».

Aujourd’hui, la question de l’eau est une urgence pour plusieurs raisons. « L’eau potable est un bien qui permet de rester en bonne santé et permet de ne pas contracter les maladies hydriques dont le choléra. L’épidémie de choléra, c’est ce que nous voulons éviter à tous prix ici à Goma ». détaille Raphaël Ténaud, le chef de la sous-délégation du CICR à Goma. En plus du travail du CICR, l’OMS a renforcé la surveillance épidémiologique dans le Nord- Kivu. 48 points de chloration sont désormais fonctionnels dans les aires de santé du littoral du lac Kivu.

Une réflexion sur le déplacement de Goma

Mais désormais avec le retour des déplacés à Goma, la question de la reconstruction se pose et le déplacement de la ville vers l’agglomération de Saké à une dizaine de kilomètres est désormais en discussion. Le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat a déploré l’absence durant des décennies d’une politique urbaine dans le pays. Selon Pius Mwabilu, le pouvoir actuel veut corriger cette anomalie, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Kamanda wa Kamanda Muzembé.

Pour Goma plus précisément, a-t-il dit, la réflexion a porté sur le développement à l’horizon 2035 et sur la possibilité d’une relocalisation, tenant compte de la contrainte lié à la présence des volcans actifs. Le plan urbain de référence de Goma préconisait depuis février 2021 l’extension de la ville vers deux grands axes qui devraient s’appeler Sake 2 et Sake 3 situés à une trentaine de kilomètre au nord de Goma.

Les experts enseignants de l’Institut supérieur d’Architecture et d’Urbanisme ont proposé un programme d’actions prioritaires et une typologie de constructions parasismiques pour les nouveaux sites ciblés. Selon le ministre Pius Mwabilu, les nouveaux sites devraient accueillir près de 60 000 familles. Cependant, la décision pour déplacer la ville de Goma relève du président de la République et de l’Assemblée nationale.

  Source: Rfi