En Côte d’Ivoire, inauguration d’une académie pour lutter contre le terrorisme au Sahel

LUC GNAGO / REUTERS Le premier ministre ivoirien, Patrick Achi, et le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, inaugurent l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, à Jacqueville, le 10 juin 2021.

La création de l’AILCT avait été officialisée en novembre 2017 par les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara.

Une Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) a été inaugurée en Côte d’Ivoire, jeudi 10 juin, afin d’aider au combat contre les djihadistes qui intensifient leurs actions sanglantes en Afrique de l’Ouest. Le premier ministre ivoirien, Patrick Achi, et son ministre de la défense, Téné Birahima Ouattara, au côté du ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ont inauguré l’AILCT à Jacqueville, près d’Abidjan.

Construits sur une superficie de 1 100 hectares de cocoteraies, trois bâtiments permettent d’accueillir « trois stages de formation de 25 stagiaires » qui participent à des entraînements des forces spéciales et sont formés à faire face à la menace « terroriste ». « L’AILCT doit devenir un pôle d’expertise et de compétence régional de la lutte contre le terrorisme au bénéfice de la stabilité de nos Etats et de la sécurité de nos populations », a déclaré le président ivoirien, Alassane Ouattara. Selon Patrick Achi, « l’AILCT sera l’avant-garde de la riposte d’une Afrique de l’Ouest libre et consciente, spécialement entraînée et irrémédiablement déterminée » à lutter contre les djihadistes.

La France joue un rôle moteur dans la lutte contre les groupes djihadistes, avec la présence de 5 100 militaires de la force « Barkhane » dans plusieurs pays du Sahel, dont le président Emmanuel Macron a cependant annoncé, jeudi, la fin progressive.

Un « outil exceptionnel », selon Jean-Yves Le Drian

« Le fléau du terrorisme n’est pas une fatalité ni en Afrique ni ailleurs, c’est une menace qu’il nous faut combattre, comme nous continuerons à le faire au Sahel et comme nous le ferons ici ensemble, a déclaré M. Le Drian. Nous le faisons avec cohérence et pragmatisme, en mobilisant les meilleurs spécialistes dans des infrastructures optimales. Nous savons que notre responsabilité, c’est de combattre ensemble cet ennemi commun dont les exactions au Sahel nous concernent directement, car sur la carte des menaces, le Sahel est la frontière sud de l’Europe et la frontière nord des Etats du golfe de Guinée. »

Le chef de la diplomatie française a précisé que l’AILCT devait accueillir et former « policiers, militaires, gendarmes, magistrats ou encore douaniers et personnels des administrations pénitentiaires », mais serait « également un lieu d’échanges où ils pourront mettre en commun leur expérience et tisser des réseaux dont la valeur ajoutée ne manquera pas de se faire sentir en ces temps de crise ».

« Avec l’appui de la France, des Européens, de la communauté internationale, les Etats de la région doivent intensifier leur coopération militaire, leur coopération sécuritaire et leur coopération judiciaire […] en agissant avec la même énergie et la même exigence sur l’ensemble du spectre du contre-terrorisme, selon M. Le Drian. Il faut désormais que tous les acteurs de la région s’approprient pleinement cet outil exceptionnel, tout en intensifiant leur engagement commun contre les groupes qui les menacent. »

Nouvelle attaque dans le nord de la Côte d’Ivoire

Quelque 500 stagiaires ouest-africains ont déjà été formés depuis 2017 à l’AILCT avant même son inauguration, selon Téné Birahima Outtara. La création de cette académie dans une Afrique de l’Ouest dont plusieurs pays sont en proie à des attaques djihadistes – Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Etat islamique (EI), Boko Haram – avait été officialisée en novembre 2017 à Abidjan par les présidents Macron et Ouattara.

L’inauguration intervient trois jours après une attaque dans le nord de la Côte d’Ivoire, au cours de laquelle un soldat ivoirien a été tué. Cette attaque est la troisième en un peu plus de deux mois commise dans cette région. La localité de Tougbo visée lundi se trouve à quelques kilomètres seulement de la frontière burkinabée.

« Le nord de la Côte d’Ivoire commence à être sous l’emprise des groupes djihadistes. Cette région constitue un enjeu important de sécurité pour l’Etat ivoirien », a affirmé à l’AFP l’expert antiterroriste ivoirien Lassina Diarra, notant que « depuis quelques mois, des personnes, certes ultraminoritaires, commencent à être séduites » par les djihadistes.

 Source: Le Monde