La Commission électorale indépendante (CEI) de Côte d’Ivoire a officiellement publié la liste électorale provisoire pour l’élection présidentielle prévue en octobre prochain.
Avec près de 8,7 millions d’inscrits, cette annonce marque une étape décisive dans le processus électoral, mais suscite aussi de vives contestations de la part de l’opposition.
Une liste électorale attendue et contestée
Le lundi 17 mars, la CEI a remis aux partis politiques la liste électorale provisoire 2024-2025. Cette liste compte 8 761 348 électeurs, dont 769 757 nouveaux inscrits. Elle restera affichée dans les différents lieux de vote jusqu’au 21 mars, permettant aux citoyens de la consulter et de formuler d’éventuelles réclamations en cas d’erreur.
Si cette publication s’inscrit dans le calendrier électoral serré établi par la CEI, elle ne fait pas l’unanimité. L’opposition, notamment le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, critique la liste et réclame une révision plus approfondie. Kaza Djah, représentant du PPA-CI au sein de la CEI, estime que l’objectif d’enrôler 4 millions de nouveaux électeurs n’a pas été atteint, laissant planer des doutes sur la transparence du processus.
Un calendrier serré et de grands enjeux
Le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, a tenu à rappeler que le calendrier électoral ne permettait pas une nouvelle révision de la liste avant le scrutin d’octobre. Pour lui, les procédures en place offrent déjà des garanties suffisantes pour assurer un vote libre et équitable. Il a appelé les partis politiques et les organisations de la société civile à faire preuve de responsabilité et à préserver la paix sociale.
La période de contentieux, ouverte jusqu’au 21 mars, permet aux électeurs de vérifier leur inscription et de signaler d’éventuelles anomalies. Parmi les corrections possibles figurent l’ajout de personnes omises, la correction des erreurs administratives, ainsi que la radiation des décédés ou de ceux ayant perdu leur statut d’électeur.
L’exclusion de figures politiques de premier plan
Un point de crispation supplémentaire réside dans l’absence de l’ancien président Laurent Gbagbo et du leader du Cojep, Charles Blé Goudé, sur la liste électorale. Tous deux sont frappés d’inéligibilité suite à des condamnations judiciaires. Pour leurs partisans, cette exclusion pose un véritable problème d’équité et renforce leur méfiance envers le processus électoral en cours.
Avec la publication de la liste provisoire, la Côte d’Ivoire entre dans une phase décisive de son processus électoral. Alors que la CEI entend rester neutre et garantir un cadre démocratique, l’opposition continue de dénoncer un système biaisé. La publication de la liste définitive, attendue pour le 20 juin, pourrait déterminer l’atmosphère politique des mois à venir et fixer les enjeux du scrutin présidentiel. D’ici là, la question de la transparence électorale restera au cœur des débats en Côte d’Ivoire.