La crise sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) a entraîné la fermeture de plusieurs centaines d’écoles dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu, affectant plus d’un million d’enfants, a annoncé mercredi le ministère congolais de l’Éducation nationale, dans un communiqué.
“La crise actuelle a entraîné la fermeture de 2594 écoles dont 1483 au Nord-Kivu et 1111 au Sud-Kivu affectant 1 108 962 enfants. De nombreuses écoles ont été bombardées, détruites ou transformées en bases militaires par les groupes armés”, a indiqué le ministère dans son communiqué relayé par l’Agence congolaise de presse (ACP / Officielle).
Et de noter que “dans la tragédie sans précédent, une école a même été transformée en cimetière illustrant l’horreur et le désespoir qui frappent le secteur de l’éducation dans les zones de conflit”.
Le ministère évoque les défis sécuritaires dans la zone, signalant, entre autres, “la présence d’engins explosifs dans certaines écoles dans l’Est de la RDC”.
L’Est de la RDC est le théâtre d’une crise sécuritaire majeure, le groupe rebelle armé M23 ayant pris le contrôle des villes stratégiques de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et de Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, après une offensive éclair dans la zone. Des milliers de morts ont été enregistrés depuis le début de l’offensive rebelle déclenchée fin janvier, selon l’ONU.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe “terroriste” et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour Kigali, “la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda”. “La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)”, avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.
Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.