RDC : Tshisekedi “cherche à conclure un accord minier avec les États-Unis”, selon le New York Times

"Tshisekedi invite les USA, dont les entreprises s’approvisionnent en matières premières stratégiques auprès du Rwanda (...) à venir directement les acheter plutôt chez nous qui en sommes les véritables propriétaires" (porte-parole)

Le président de la RDC Félix Tshisekedi

Le président congolais, Félix Tshisekedi, “cherche à conclure un accord minier avec les États-Unis”, alors que le groupe rebelle M23 ne cesse de gagner du terrain dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) riche en minerais, selon le journal américain “The New York Times”, auquel Tshisekedi a accordé une interview.

Dans cette interview, Félix Tshisekedi “a proposé aux États-Unis et à l’Europe de participer aux vastes richesses minières de son pays, un secteur actuellement dominé par la Chine”, a écrit samedi le New York Times.

Le journal américain, qui rappelle que la RDC est considérée comme l’un des pays les plus riches au monde en termes de ressources naturelles, indique que “Tshisekedi semblait désireux d’en tirer parti pour tenter de gérer” le conflit dans l’Est. Le président congolais “a placé ses espoirs dans la pression occidentale contre le Rwanda, estimant que des investissements majeurs au Congo – y compris un éventuel accord minier – apporteraient à son pays beaucoup plus de sécurité et de stabilité”, rapporte encore le New York Times.

“L’administration Trump a déjà manifesté son intérêt pour un accord qui pourrait garantir un approvisionnement en minerais stratégiques directement depuis le Congo, a déclaré M. Tshisekedi”, selon le NYT. Et de poursuivre : “Il a également vanté les investissements dans de grands projets congolais, notamment un méga barrage qui, s’il était achevé, deviendrait la plus grande centrale hydroélectrique du monde”.

Pour sa part, Tina Salama, porte-parole du président congolais a parlé d’un appel aux entreprises américaines de traiter avec les autorités congolaises.

“Le Président Félix Tshisekedi invite plutôt les USA dont les entreprises s’approvisionnent en matières premières stratégiques auprès du Rwanda qui les pillent en massacrant nos populations, de venir directement les acheter chez nous qui en sommes les véritables propriétaires”, a-t-elle écrit ce dimanche sur X. “Et il n’y a pas que les Américains, c’est aussi proposé aux Européens et à tous les receleurs de nos ressources qui s’approvisionnent à partir du Rwanda”, a-t-elle ajouté.

Elle a noté que Tshisekedi “l’a en primeur proposé aux Américains parce que ce qui était caché et entretenu depuis 30 ans vient d’être révélé par l’administration Donald Trump”.

Selon l’Agence congolaise de presse (ACP / Officielle), Tina Salama réagissait à “la rumeur d’un deal ‘Mines contre paix’, nouvellement conclu entre la RDC et les États-Unis d’Amérique”.

L’est de la RDC est le théâtre d’une crise sécuritaire majeure, le M23 ayant pris le contrôle des villes stratégiques de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et de Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, après une offensive éclair dans l’est de la RDC. Des milliers de morts ont été enregistrés depuis le début de l’offensive rebelle déclenchée fin janvier, selon l’ONU.

Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe “terroriste” et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Pour Kigali, “la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda”. “La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)”, avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.

Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.