Autosuffisance alimentaire en Afrique : un défi majeur pour la souveraineté

L’autosuffisance alimentaire est souvent présentée comme l’un des leviers du développement économique et de l’indépendance d’un pays. Pourtant, en Afrique, cette ambition reste encore très éloignée de la réalité. Le récent article intitulé “Cameroun : les importations de riz bondissent à 320 milliards de Fcfa en 2024” publié par Ibusiness.africa en est une illustration frappante.

Une dépendance accrue : le cas du Cameroun

En 2024, le Cameroun a enregistré un record historique avec des dépenses d’importation de riz atteignant 320 milliards de Fcfa, soit une hausse de 59 % par rapport à 2023. Alors que le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) 2024-2026 vise à réduire la dépendance aux importations, les chiffres montrent une réalité toute autre. L’article publié par Ibusiness.africa indique que, selon l’Institut national de la statistique (INS), le pays a importé 648 085 tonnes de riz, alors que la production locale n’a couvert que 140 710 tonnes. Ce déséquilibre, générant un déficit de 507 375 tonnes, force le Cameroun à dépendre pour 58,6 % de ses achats de céréales sur le marché international. Cette situation ne pèse pas seulement sur la balance commerciale, elle contribue également à maintenir l’inflation au-dessus du seuil de 3 % fixé par la CEMAC.

Un problème continental

Le Cameroun n’est malheureusement pas une exception. Au Nigeria, malgré les vastes ressources agricoles et les politiques visant à soutenir la production locale, le déficit persiste. Le pays reste dépendant des importations de riz et de blé pour satisfaire la demande de sa population en forte croissance. De même, au Kenya, bien que le secteur agricole joue un rôle central dans l’économie, les fluctuations de production et les défis logistiques entraînent une dépendance significative aux importations de produits de base. Le Ghana illustre également cette problématique. Malgré des initiatives gouvernementales pour renforcer la filière rizicole et diversifier les productions, le pays peine à atteindre l’autosuffisance, ce qui accentue les tensions sur sa balance commerciale et expose l’économie aux chocs externes.

Des défis structurels et des obstacles persistants

Si autant de pays africains peinent à trouver le chemin de l’autosuffisance alimentaire, mieux de la souveraineté alimentaire, il est important de préciser que cette situation est due à bon nombre de facteurs tant endogènes, qu’exogènes. Parmi ces facteurs, on retrouve :

  • Des infrastructures inadéquates : L’absence de réseaux de transport et de stockage performants limite l’accès aux marchés locaux.
  • Un manque d’investissements : Les financements insuffisants pour moderniser les techniques agricoles freinent la compétitivité des productions locales.
  • Les aléas climatiques : La variabilité des conditions météorologiques, exacerbée par le changement climatique, affecte la productivité.
  • Des politiques inadaptées : Malgré des initiatives comme le Piisah au Cameroun, les mesures actuelles peinent à contrer une demande toujours croissante et à stimuler efficacement la production.

L’urgence d’agir pour atteindre la souveraineté alimentaire

Face à ces constats, il est urgent pour les nations africaines de repenser et renforcer leurs politiques agricoles. La souveraineté alimentaire ne peut être atteinte qu’en investissant massivement dans la modernisation de l’agriculture, en améliorant l’accès au financement, en développant des infrastructures robustes et en favorisant l’innovation. Il est également crucial de promouvoir la coopération régionale afin de mutualiser les ressources et de créer des synergies entre les différents acteurs du secteur.

L’exemple du Cameroun démontre de manière alarmante que l’autosuffisance alimentaire reste une utopie pour beaucoup de pays africains. Pour transformer cet objectif en réalité, une refonte globale des stratégies agricoles et une mobilisation des ressources nationales et internationales sont indispensables. L’heure est à l’action pour que l’Afrique puisse enfin atteindre la souveraineté alimentaire et réduire sa dépendance vis-à-vis des importations, assurant ainsi une stabilité économique et sociale durable.

Source : IBusiness.africa – “Cameroun : les importations de riz bondissent à 320 milliards de Fcfa en 2024”