Est de la RDC : “Ceux qui pensent trouver la solution par la voie militaire ont tort” ( Volker Türk)

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk a déploré vendredi la dégaradation de la situation humanitaire et des droits de l’homme dans l’est de la RDC et appelé toutes les parties à privilégier la voix du dialogue et à faire taire les armes.

Türk s’exprimait lors d’une Session spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo.

“Depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 880 blessés. Les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés. À Goma, le 27 janvier, deux hôpitaux ont été bombardés, tuant et blessant plusieurs patients, y compris des femmes et des enfants”, a-t-il déploré.

“Des centaines de défenseurs des droits humains, de journalistes et de membres de la société civile ont signalé à mon Bureau qu’ils sont menacés ou recherchés par le M23 et les forces rwandaises. Nous avons aussi facilité la protection d’autorités judiciaires en danger”, a ajouté le Haut-commissaire.

Türk s’est, en outre, dit “très préoccupé par la prolifération d’armes et le risque élevé de recrutement et de conscription forcé d’enfants”.

“Depuis le début de l’année, le groupe armé M23, soutenu par les Forces rwandaises de défense, a intensifié son offensive dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. En ce moment, les tensions augmentent dans le Sud-Kivu. Si rien n’est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l’est, mais aussi au-delà de la RDC”, a ajouté Türk.

Les combats ont exacerbé une crise humanitaire chronique, qui est le résultat de violations persistantes des droits humains, a-t-il souligné rappelant que plus de 500 000 personnes ont été déplacées depuis le début du mois de janvier. Un chiffre qui s’ajoute au plus de 6,4 millions déjà déplacés.

“Il est aussi fondamental d’analyser l’économie politique de ce conflit. J’étais toujours frappé par le fait que la population de l’est souffre terriblement, tandis que beaucoup de produits qu’on consomme ou qu’on utilise, comme les téléphones portables, sont nourris par les minéraux de l’est. Nous sommes donc impliqués toutes et tous”, a-t-il ajouté.

“Ceux qui pensent trouver la solution par la voie militaire ont tort. Un conflit encore plus profond et large aurait des conséquences dévastatrices sur les civils. J’appelle toutes les parties à déposer les armes et de reprendre le dialogue dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi. J’espère que lors de la réunion à Dar-es-Salam aujourd’hui, il y aura des résultats concrets. Il faut veiller à ce que la participation substantielle des femmes dans ces processus soit assurée”, a encore souligné le Haut-commissaire.