ESSOR DE L’AFRIQUE : Non à cette tutelle castratrice préjudiciable à notre émancipation

Les États africains doivent prendre garde de se séparer d’un maître, si c’est pour tomber dans les bras d’un autre maître. Voici la posture intellectuelle que l’on entend de plus en plus souvent, de la part d’un certain nombre d’acteurs de la scène géopolitique mondiale, lorsqu’il est question des choix opérés par les pays de notre continent. Une posture a priori altruiste, désintéressée, et uniquement destinée à nous rappeler les principes élémentaires de précaution. Sauf que le ton employé cache mal l’intention inavouée.

En l’espèce, la position dominante dans laquelle campent nos donneurs de leçons tend à nous dénier aussi bien notre maturité, que notre droit à la propriété exclusive de nos ressources. Ce qui revient à remettre en cause jusqu’aux notions de liberté, d’indépendance et de souveraineté qui, faut-il le rappeler, ne nous auront été octroyées par personne, mais que nous aurons conquises de haute lutte.

Mais là ne réside pas le véritable danger. Le véritable danger réside dans cette sorte de psittacisme frénétique qui semble s’être emparé de quelques-uns d’entre nous, plus pressés de justifier et propager le point de vue de nos prédateurs d’hier, potentiels adversaires de demain, plutôt que de défendre nos choix stratégiques portés sur la diversification des partenariats, et un meilleur équilibrage des clauses contractuelles jadis systématiquement en notre défaveur.

Le fait n’est pas nouveau, et avec ce qu’il faut de recul, c’est-à-dire pas vraiment beaucoup, l’on peut s’apercevoir que la même tactique de l’auto dérision dénigrante avait déjà été mise en œuvre, notamment au moment de la lutte contre la pandémie du coronavirus, le tristement célèbre COVID-19. Les incapacités de nos systèmes sanitaires avaient été bruyamment alléguées et scientifiquement étayées, à cause disait-on alors, de l’insignifiance des plateaux techniques de nos hôpitaux, d’une part, et de l’incompétence de nos praticiens, d’autre part.

En son temps, le biais cognitif avait été récupéré et copieusement relayé par certains des nôtres, probablement en quête de quelque notoriété, pour le plus grand plaisir de contempteurs manifestement satisfaits de la domination intellectuelle qu’ils exerçaient sur les africains. La suite de l’histoire se chargera de leur rabattre le caquet.

Avant le COVID-19, nos capacités de lutte contre le terrorisme avaient pareillement été mises en doute, jusqu’à ce qu’il soit factuellement démontré qu’en la matière, nos résultats sont de loin meilleurs en l’absence d’une présence étrangère expressément provoquée, présence qui n’hésite à user de duplicité pour s’éterniser. Le résultat étant cette sorte de tutelle castratrice préjudiciable à notre émancipation et notre développement.

Plus que jamais donc, il nous incombe l’impérieuse nécessité de faire confiance à nos propres forces, aussi longtemps qu’il y va de nos intérêts, sans compter sur d’hypothétiques bienveillances extérieures. Car derrière ces dents d’une blancheur éclatante que l’on voit dans des sourires charmeurs, se cachent des crocs acérés qui n’attendent que la prochaine occasion pour nous reprendre à la gorge.