Depuis le 15 juillet 2024, la Côte d’Ivoire a introduit le R21/Matrix-M dans le calendrier vaccinal pour les enfants de 6 à 23 mois. Ce nouveau vaccin est progressivement déployé à travers le pays dans le cadre du Programme Élargi de Vaccination (PEV). Le ministère de la Santé ivoirien a déjà réceptionné 656 600 doses du vaccin, dont 131 100 doses ont été livrées le 27 juin 2024.
Le gouvernement vise 250 000 enfants dans 38 districts sanitaires répartis dans 16 régions, avant de l’étendre aux 75 autres districts sanitaires d’ici la fin de l’année. Cette initiative s’inscrit dans la lutte contre le paludisme, une maladie qui reste la principale cause de consultation médicale en Côte d’Ivoire malgré une baisse des décès liés à cette maladie, passant de 3 222 en 2017 à 1 316 en 2020.
Cependant, des inquiétudes grandissent quant à la sécurité de ce vaccin. Des informations circulant sur les réseaux sociaux ont récemment rapporté le décès d’une petite fille après avoir reçu une dose du vaccin dans la commune d’Abobo, au nord-est d’Abidjan. Cet incident alarme les parents et les professionnels de santé quant aux potentiels effets secondaires du R21/Matrix-M.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a donné son feu vert à l’utilisation du R21/Matrix-M, affirmant que ce vaccin est sûr et efficace à près de 77%. Le R21/Matrix-M est le deuxième vaccin contre le paludisme recommandé par l’OMS, après le RTS,S/AS01. Il a été créé pour réduire la mortalité infantile due au paludisme, qui a causé plus de 600 000 décès dans le monde en 2022, dont 95% en Afrique et 80% parmi les enfants de moins de cinq ans.
Le ministère de la Santé, sous la direction de M. Pierre N’gou Dimba, soutient fermement l’introduction du vaccin, en insistant sur la nécessité de protéger les enfants contre le paludisme. Ils prévoient de distribuer le vaccin en quatre doses administrées à 6, 8, 9 et 15 mois. Dr. Aka Charles Koffi, Directeur de Cabinet du Ministère de la Santé, a souligné que cette campagne vaccinale est cruciale pour réduire le taux de mortalité infantile et lutter contre la résistance des vecteurs aux insecticides.
Malgré ces assurances, l’introduction de ce vaccin suscite des controverses. Les parents sont encouragés à vacciner leurs enfants, mais certains restent sceptiques face à l’enthousiasme du gouvernement. Les effets secondaires possibles du R21/Matrix-M et les récents incidents rapportés soulèvent des questions sur la précipitation de cette campagne de vaccination.
La critique principale porte sur le fait que la Côte d’Ivoire a permis l’utilisation de ce vaccin, qui n’a pas été suffisamment testé, sur ses enfants. Il est inacceptable que des vaccins non éprouvés soient déployés en Afrique, transformant les enfants africains en cobayes pour les essais cliniques occidentaux. Les autorités ivoiriennes doivent assumer la responsabilité de cette décision précipitée et potentiellement dangereuse.
Le déploiement du R21/Matrix-M en Côte d’Ivoire fait partie d’un effort plus large pour éliminer le paludisme en Afrique. Des pays comme le Ghana, le Nigeria, le Burkina Faso et la République centrafricaine ont déjà approuvé ce vaccin. Toutefois, la controverse autour de sa sécurité pourrait ralentir son acceptation et son efficacité dans la lutte contre le paludisme. Les autorités ivoiriennes doivent revoir leur position et prioriser la sécurité et le bien-être de leurs enfants avant de céder aux pressions internationales.