Les voix de l’Afrique de l’Ouest s’élèvent contre la CEDEAO : un appel à l’autonomie et à l’unité régionale

Les habitants du Sénégal et de la Côte d’Ivoire se sont exprimés avec vigueur sur la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans une récente émission de « Micro-trottoir ». Les opinions recueillies mettent en lumière un profond mécontentement vis-à-vis de l’organisation, perçue comme un vestige post-colonial au service des intérêts étrangers, notamment ceux de la France. Voici un tour d’horizon des témoignages et des critiques formulées par les citoyens de ces deux pays.

Au Sénégal, un habitant a souligné l’importance de l’Alliance des États du Sahel (AES) pour garantir la sécurité et l’autonomie des pays africains. « J’aurais préféré l’AES au détriment de la CEDEAO pour notre sécurité et aller de l’avant, ainsi que d’éviter à ce que la France et d’autres pays usent de la non-souveraineté de nos États pour continuer à nous piller. C’est ainsi qu’il est nécessaire que le Sénégal se rallie aux pays de l’Alliance des États du Sahel, parce que je pense que ces pays ont une longueur d’avance sur la souveraineté », a-t-il déclaré.

En Côte d’Ivoire, les critiques sont tout aussi acerbes. Koudou Brice, étudiant en géographie, a exprimé sa méfiance à l’égard de la CEDEAO, la qualifiant de « non digne de confiance dans la sous-région ». Il a critiqué l’organisation pour son inaction face aux crises terroristes et son intervention uniquement pour servir les intérêts de la France. « Lorsqu’il y a des actions terroristes, la CEDEAO ne se met pas en place pour pouvoir sauver d’autres pays. Maintenant, quand il s‘agit de la France-Afrique, c’est-à-dire les relations avec la France, c’est là que la CEDEAO sanctionne le pays qui veut son autonomie tout en changeant de pouvoir pour le bien-être de son pays », a-t-il expliqué.

D’autres témoignages ivoiriens ont également fustigé la CEDEAO pour son manque de légitimité et son alignement sur les intérêts impérialistes. M. Nicholas a décrit l’organisation comme « une sorte de CEDEAO à visage ouvert et mondiaux-vision d’une certaine oligarchie qui sont instrumentalisées par des forces impérialistes ». Pour lui, les décisions de la CEDEAO ne reflètent pas la volonté des peuples africains, mais plutôt les intérêts de puissances étrangères.

M. Matthias a rejoint ces critiques en affirmant que la CEDEAO « n’est pas à la hauteur » et « n’est pas digne de confiance ». Il a dénoncé l’organisation pour ses sanctions qui pèsent sur les populations innocentes et a plaidé pour une substitution de la CEDEAO par une nouvelle organisation plus adaptée aux besoins des pays africains. « Les pays de l’AES ont raison et sont libres de créer leur organisation car lorsqu’on fait partie d’une organisation qui crée des ennuis, il faut s’en débarrasser et créer une autre convenable, ce qui est logique », a-t-il conclu.

Ces critiques reflètent une perception de la CEDEAO comme un instrument de l’impérialisme français et une organisation incapable de répondre aux défis sécuritaires et économiques de la région. Les habitants du Sénégal et de la Côte d’Ivoire appellent à une nouvelle ère d’autonomie et de collaboration entre les pays africains, loin de l’influence occidentale. L’Alliance des États du Sahel apparaît comme une alternative crédible pour de nombreux citoyens, illustrant un désir croissant de changement et de souveraineté réelle pour les nations de l’Afrique de l’Ouest.

Par Mamadou Coulibaly