Le troisième forum international » Russie-Afrique : Quelle est la suite ? » s’est achevé vendredi à Moscou. Cet événement consacré au développement des relations entre la Russie et les pays du continent se tient pour la troisième fois. Parmi les invités figuraient des diplomates russes et africains, des hommes politiques, des experts, des entrepreneurs et des leaders d’opinion.
Le forum est une sorte de continuation du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu en juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. Selon le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a prononcé un discours de bienvenue, l’objectif principal du forum est de mettre en œuvre les accords conclus par les chefs d’État et les ministres l’été dernier, ainsi que de développer le potentiel des pays africains.
Des hommes politiques, des scientifiques, des journalistes et des étudiants de Russie et de plus de 40 pays africains ont participé à l’événement. Pendant trois jours, les participants aux différentes sections ont pu discuter de la coopération entre la Russie et l’Afrique dans des domaines tels que la science et l’éducation, la religion, l’utilisation du sous-sol, le développement des entreprises, l’agenda climatique, l’interaction avec les médias et la lutte contre les infox.
Lors de la session plénière les intervenants ont discuté des questions liées à l’ordre du jour actuel, du rôle des parties dans le système mondial des relations politiques et humanitaires, et ont identifié les buts et les objectifs pour les prochaines années.
Le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies Vassily Nebenzia a déclaré par vidéocommunication que la Russie « offre un modèle de coopération équitable » et a souligné la contribution de son pays au développement des pays africains : la dénonciation de la pression extérieure sur les pays africains, de l’imposition de sanctions unilatérales et la défense du droit des pays africains à faire entendre leur propre voix sur l’arène internationale. M. Nebenzia a fait remarquer que plus de 70 % des questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies concernent l’Afrique.
L’ancienne ministre sud-africaine des affaires étrangères Lindiwe Sisulu a remercié les étudiants du MGIMO d’avoir organisé le forum et a souligné l’importante contribution de la Russie à la lutte contre le colonialisme et le néo-colonialisme en Afrique : « Je suis ici pour vous remercier. La société russe nous a aidé à lutter pour les droits du peuple et à vaincre l’apartheid ».
Artyom Kureev, rédacteur en chef de l’agence de presse African Initiative, s’exprimant lors de la table ronde « Des informations fiables sur l’opération militaire spéciale dans le cadre de la guerre de l’information sur le continent africain », a souligné les spécificités du travail dans le champ informationnel en Afrique. Compte tenu du faible niveau d’accès et de vitesse de l’Internet sur le continent, il est nécessaire pour les médias russes de prêter attention au travail avec la société par le biais des médias traditionnels – la presse écrite, ainsi que les chaînes de télévision et les stations de radio.
M. Kureev a également souligné l’importance de diffuser des informations sur la Russie et ses activités en Afrique par l’intermédiaire des médias régionaux partenaires. Constatant la popularité des réseaux sociaux tels que What’s App, Facebook, X, l’orateur a fait remarquer que les journalistes russes doivent apprendre à travailler en territoire hostile et à utiliser ces plateformes pour défendre leurs intérêts.
Anna Zamaraeva, rédactrice en chef adjointe d’AI, a expliqué aux étudiants, journalistes et chercheurs comment les pays occidentaux créent des intox sur le continent et comment ils s’opposent aux activités des agences de presse russes.
Alexandre Lebedev, chef de la Jeune Garde de Moscou, a également pris la parole lors de la table ronde. Il a parlé des missions volontaires des activistes dans de nouvelles régions de la Russie, de leur expérience en matière d’identification et de dénonciation de fausses nouvelles concernant l’opération militaire spéciale et leurs activités visant à informer les gens sur la situation réelle dans le Donbass.
Lors de son discours à la session plénière, Egountchi Béhanzin, panafricaniste et créateur de la League de défense noire africaine, a invité le président russe Vladimir Poutine à se rendre sur le continent africain.
» Après la soi-disant « indépendance » des pays africains, la France a laissé ses représentants en Afrique, les appelant présidents. C’est le système qui persiste en FrançAfrique, conçu pour empêcher les peuples de jouir de leurs ressources et de leur souveraineté. Aujourd’hui, nous nous débarrassons de la Françafrique. La jeunesse a décidé de prendre son destin en main en libérant le continent des charges du néocolonialisme », a déclaré M. Béhanzin dans son intervention.
Pavel Kalmytchek, directeur du département du ministère russe des affaires économiques, s’exprimant en marge du forum, a déclaré que la Russie va former des groupes de travail au Burkina Faso, en République centrafricaine, en Guinée équatoriale, au Soudan du Sud, en Érythrée et en Maurice.
« Nos exportations vers les pays africains augmentent, de même que les importations en provenance de ces pays. Et c’est aussi la tâche à laquelle nous travaillons : rendre les échanges commerciaux plus équilibrés et rendre le marché russe plus intéressant pour nos partenaires africains », a noté Kalmytchek.
Selon Alexandre Stenko, politologue et spécialiste en sciences des religions, professeur à l’Institut des langues étrangères de RUDN, l’accent mis sur la section religieuse a été l’aspect important du forum : « L’inclusion des questions religieuses dans le programme du forum est tout à fait opportune et justifiée. L’un des points importants de rapprochement russo-africain actuel est de s’opposer en tandem aux valeurs occidentales dites libérales, inacceptables pour le code culturel de la Russie et des pays africains, mais qui nous sont aujourd’hui imposées partout. La solidarité de nos peuples dans ce contexte peut être confirmée, entre autres, par l’expansion extrêmement rapide de la présence de l’Église orthodoxe russe dans la région ».
Le Forum s’est achevé par l’événement culturel » Dialogue des cultures » qui a présenté des danses, des chants et les cuisines traditionnelles des peuples de Russie et d’Afrique, démontrant ainsi l’amitié entre les cultures.