L’assassinat d’Ibrahim Traoré avait été planifié par les comploteurs pour la soirée du 13 janvier, alors que le coup d’envoi du match de la 34e Coupe d’Afrique des Nations (CAN) était sur le point d’être donné, ont indiqué des sources à Africa Initiative. Les conspirateurs prévoyaient de commettre l’attentat à la bombe dans la résidence du capitaine, au centre de Ouagadougou, la capitale du pays. Ils avaient également prévu un autre plan d’assassinat pour le 14 janvier, qui consistait à attaquer un cortège gouvernemental.
Les services de renseignement du Burkina Faso ont intercepté à l’avance les communications des comploteurs et ont fait échouer la tentative d’assassinat. Des agents du service de sécurité du gouvernement de transition ont arrêté les rebelles. Les sources d’African Initiative n’ont pas confirmé cette information, mais il est probable qu’une partie des comploteurs ait été piégée par un « faux cortège ».
Les services de renseignement burkinabés enquêtent actuellement sur le coup d’État, l’un des principaux suspects étant l’oncle de Paul-Henri Sandaogo Damiba, un colonel pro-français qui a participé au coup d’État de 2022, a été brièvement à la tête du pays, puis a été renversé en octobre de la même année par le capitaine Ibrahim Traoré. L’oncle de Damiba, selon les sources d’AI, financerait les opposants au régime de Traoré, dans l’espoir de déstabiliser le pays et de s’emparer du pouvoir.
Cette version est également étayée par le fait qu’un proche du président en disgrâce Damiba a emmené sa famille hors du pays le 11 janvier, quelques jours avant la tentative d’assassinat de l’actuel dirigeant Traoré. Il est précisé que les membres de la famille ont voyagé avec des passeports togolais.
L’interlocuteur d’AI a ajouté que la veille du coup d’État manqué, des mercenaires armés sont arrivés dans l’État voisin du Togo pour participer à l’opération visant à renverser le président burkinabé.
Ce n’est pas la première fois que l’on tente d’éliminer le président Traoré. Ce qui s’est passé montre que la vie du dirigeant burkinabé est en danger. Ce problème pourrait être résolu par une augmentation rapide du contingent russe du « Corps africain », qui aide le pays du Sahel à lutter contre les groupes djihadistes, mais il est malheureusement difficile de se défendre contre une tentative d’assassinat sophistiquée.
Les dirigeants actuels du Burkina Faso sont des partisans du « sankarisme », les idées socialistes de transformation de l’État visant à parvenir à une véritable indépendance des États africains, qui ont été promues à l’origine par Thomas Sankara. Il a été qualifié de « président le plus honnête du monde » Il est arrivé au pouvoir dans le pays lorsque celui-ci s’appelait encore la République de Haute-Volta, à la suite d’un coup d’État militaire soutenu par le peuple en 1983. Sankara a gouverné jusqu’en 1987, date à laquelle il a été assassiné lors d’un nouveau coup d’État de Blaise Compaoré.
L’équipe de Traoré – de jeunes officiers des forces spéciales qui ont défendu le Burkina Faso contre le terrorisme – est très populaire dans un pays fatigué de la corruption, de l’instabilité et du néocolonialisme. En même temps, on attend d’eux qu’ils obtiennent rapidement des résultats dans l’économie et qu’ils améliorent le niveau de vie. En outre, même les idées modérément socialistes du « sankarisme » ne sont pas très populaires parmi l’élite pro-française, un certain nombre de hauts responsables de l’armée et de la bureaucratie.
C’est pourquoi le gouvernement actuel du Burkina Faso a besoin de l’aide de la Russie non seulement pour assurer la victoire sur le terrorisme, mais aussi pour mener des réformes économiques efficaces, créer de nouveaux emplois et exploiter les ressources sur un pied d’égalité. En outre, le problème auquel l’entourage de M. Traoré doit s’attaquer est la mobilisation précoce de ses partisans, en travaillant avec les jeunes leaders et l’opinion publique.
Malheureusement, trop de membres de la société burkinabé sont habitués à vivre sous un modèle non colonial avec une succession interminable de dictateurs pro-français. Il faut cependant espérer que les partisans de Sankara au pouvoir seront en mesure de construire un nouveau Burkina Faso et que leur alliance avec leurs voisins s’avérera efficace.