La force française Barkhane est accusée d’avoir détenu des citoyens maliens, dans une prison secrète. Si cette information avait été révélée par un média français, il y a un an, elle est confirmée dans un livre à paraître demain. Il a été indiqué que ces détentions ont eu lieu en dehors de tout cadre. Et parfois, mort s’en serait suivie.
Ce sont des dizaines de Maliens qui auraient été enfermés dans une prison tenue secrète, gérée par Barkhane. La Force française aurait installé l’infrastructure au cœur de l’aéroport de Gao, au Nord du Mali. C’est ce qu’a révélé le journal Anadolu, dans une publication en date de ce mercredi 4 janvier 2023. Le média rappelle que cette information avait été révélée par le journal français Libération, en 2021, mais sans précision.
Barkhane accusée d’avoir tué des innocents
C’est après des investigations menées dans ce pays d’Afrique de l’Ouest que le journaliste Rémi Carayol fait un déballage. Le co-animateur d’Afrique XXI confirme l’existence d’un lieu aménagé dans l’aile Ouest de l’aéroport de Gao. Ce lieu, indique-t-il dans un livre à paraître demain, jeudi 5 janvier, servait à retenir les Maliens suspectés de terrorisme. Ces derniers sont par la suite remis aux autorités locales, précise le journaliste qui couvre l’actualité du Sahel, depuis dix ans.
« Le Mirage sahélien. La France en guerre en Afrique : Serval, Barkhane et après ? ». Tel est le titre de l’ouvrage qui met en lumière certaines pratiques peu répandues de l’armée française au Mali. Seulement, d’autres révélations faites par l’auteur sont plutôt troublantes. Et on pourrait même penser à des exécutions, tel que l’a rapporté Rémi Carayol. Le chapitre 8 de l’ouvrage de 338 pages, à paraître aux Éditions La Découverte, en dit long.
Des suspects gardés dans le plus grand secret
« Au Mali, la force Barkhane a tué des innocents. Elle en a également incarcéré dans le plus grand secret : un nombre indéterminé de « suspects » ont été expédiés dans une prison clandestine située à l’intérieur de sa base principale à Gao. Le « château », comme on l’appelle… », est-il écrit, selon Anadolu, qui a consulté ces lignes.
L’auteur précise que ce lieu de détention n’existe pas officiellement. « Les suspects arrêtés par les soldats français y sont pourtant gardés pendant plusieurs jours. Parfois plusieurs semaines, dans le plus grand secret (peu de militaires y ont accès et le réseau téléphonique est brouillé à l’intérieur). Et ils y sont interrogés, de jour comme de nuit, par des spécialistes du renseignement, avant d’être remis aux autorités maliennes », poursuit Rémi Carayol.
La Force française interpellée, en vain
L’auteur a ajouté que « la Division des droits de l’homme de la Minusma (DDHP) et les associations maliennes de défense des droits humains s’irritent de n’avoir pas accès à ce lieu de détention ». Il a en outre précisé que « plusieurs sources onusiennes m’ont affirmé que les enquêteurs de la DDHP interpellent régulièrement les représentants de la force Barkhane sur ce sujet, lors de réunions à huis clos. En vain ». Des révélations qui en mettront de l’eau au moulin des anti-français.
Le 15 août 2022, la Force française Barkhane actait son départ effectif du territoire malien. Un départ annoncé par le Colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien. Dans un communiqué publié dans la soirée du vendredi 19 août 2022, Bamako évoquait la genèse de ce retrait de Barkhane du Mali.