Il a été dénoncé par sa femme mais affirme qu’il était en prison au moment des faits : le tribunal militaire qui juge les assassins présumés de l’ambassadeur d’Italie tué en février 2021 en RDC a décidé mercredi de vérifier à la source les allégations de cet accusé.
Celui-ci, Bahati Antoine Kiboko, avait été condamné en 2016 à cinq ans de prison pour “enlèvement et association de malfaiteurs”. Incarcéré à la prison de Munzenze à Goma (Est), il a purgé sa peine et a été “libéré le 23 janvier 2021”, selon le parquet militaire.
M. Bahati conteste cette date : “J’ai été libéré le 22 février 2021 à 14h”, alors que l’ambassadeur a été tué aux environs de 10h.
Pour départager les deux camps, le tribunal va constituer “une commission rogatoire” pour être fixé – sur la base des documents et registres pénitentiaires -, sur la date où le prévenu Bahati est sorti de prison, a déclaré le major magistrat Freddy Eume, président du tribunal.
Comme ses quatre co-prévenus présents, Bahati Antoine Kiboko est poursuivi pour l’assassinat de Luca Attanasio, de son garde du corps italien, le carabinier Vittorio Iacovacci, et d’un chauffeur congolais du Programme alimentaire mondial (PAM), Mustapha Milambo.
Tous ont été tués par balles le 22 février 2021 après être tombés dans une embuscade aux abords du parc national des Virunga, dans la province du Nord-Kivu.
Au total, six prévenus sont poursuivis, dont un en cavale. Ils sont jugés devant le tribunal militaire de la garnison de Kinshasa-Gombe siégeant à la prison militaire de Ndolo, où ils sont détenus.
A l’audience de mercredi, consacrée à “l’examen des pièces à conviction”, l’accusation, la défense et la partie civile ont débattu du contenu d’un rapport d’expertise indiquant que le téléphone de l’ambassadeur assassiné a été localisé à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, après sa mort.
Ce qui “corrobore les dénonciations faites par l’épouse de M. Bahati”, a soutenu le capitaine-magistrat Bamusamba Kabamba, représentant le ministère public. Celle-ci avait déclaré qu’après le meurtre, son “mari avait ramené un petit ordinateur, des téléphones dont un a été vendu à un homme venu de Bukavu”, a-t-il rappelé.
“Bahati, que dis-tu de cette coïncidence ?”, a interrogé le juge.
“Ma femme a menti, tout est faux, je n’en sais rien”, a répondu le prévenu.
“Comment a-t-on obtenu son audition, est-elle venue d’elle-même ou on est allé la chercher pour qu’elle témoigne contre son mari ?”, a réagi Me Peter Ngoma, avocat de la défense.
La prochaine audience du procès, ouvert le 12 octobre, est fixée au 14 décembre.
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