Le Chef du gouvernement de transition au Mali a exprimé, samedi, à la tribune des Nations Unies à New York, son désaccord après la récente sortie médiatique du secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, qui a appelé, dimanche, les autorités maliennes à « régler la situation » des 46 soldats ivoiriens encore détenus à Bamako, depuis le 10 juillet dernier.
C’est ce qui ressort de l’allocution du Premier ministre malien par intérim, le colonel Abdoulaye Maiga, à l’occasion du débat général de la 77e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies.
« L’amitié reposant sur la sincérité, souffrez que je vous exprime mon profond désaccord suite à votre sortie médiatique, au cours de laquelle vous prenez position et vous vous exprimez sur l’affaire des 46 mercenaires ivoiriens, qui est une affaire bilatérale et judiciaire, entre deux pays frères », a déclaré le Chef du gouvernement malien.
Le chef de l’ONU avait affirmé, lors d’une interview accordée à des médias français que les 46 soldats ivoiriens « ne sont pas des mercenaires », des propos qui vont à l’encontre des accusations de Bamako.
Et Maiga d’ajouter : « c’est évident, que la qualification judiciaire des infractions liées à cette affaire ne relève pas des attributions du secrétaire général des Nations Unies. Au Mali, notre administration ne travaille pas sur la base de l’oralité, ni des déclarations par voie de presse, par conséquent, nous nous tenons scrupuleusement à la note verbale de la Minusma (ndlr, Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) en date du 22 juillet 2022, dans laquelle, il ressort clairement qu’il n’existe pas de liens entre les 46 mercenaires et les Nations Unies ».
Le colonel Abdoulaye Maiga a relevé que « la position du secrétaire général sur l’affaire des mercenaires a été suivie par certains responsables d’Afrique de l’Ouest ».
Le haut responsable malien, s’en est pris à cet effet au président en exercice de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), le Bissau-Guinéen, Umaro Sissoco Embalo, qu’il accuse de « mimer » les Nations Unies.
« Il est important de lui préciser que le secrétaire général des Nations Unies n’est pas un chef d’État et le président en exercice de la Cédéao n’est pas un fonctionnaire. Par conséquent, il serait indiqué qu’il ne banalise pas la Cédéao », a-t-il déclaré.
Et le Premier ministre malien par intérim d’ajouter : « Il est utile de rappeler, au président en exercice de la Cédéao, qu’au Mali, les autorités n’interfèrent pas dans les dossiers judiciaires et respectent l’indépendance de la Justice. Donc, nous n’avons pas vocation à interpeller ou relâcher, ceci relève de la fonction judiciaire ».
« Les autorités maliennes ont pris acte de la menace de sanctions proférée contre le Mali, et loin d’être impressionné par des sanctions, je voudrais signaler au président en exercice de la Cédéao, qu’à la fin de son mandat, les peuples ouest-africains le jugeront sur les efforts qu’il a fournis pour améliorer les conditions de vie des populations et non des show médiatiques servant des agendas étrangers », a-t-il conclu.
Anadolu Agency