Les rebelles de la région du Tigré se disent ouverts aux négociations, malgré la reprise des combats dans le nord de l’Ethiopie. Ceci étant, ils restent déterminés à continuer d’avancer pour “neutraliser” les renforts militaires envoyés “menacer” leur région.
Après cinq mois de trêve, les combats ont repris le 24 août, autour de la pointe sud-est du Tigré, entre troupes pro-gouvernementales (armée fédérale, forces régionales et milices alliées) et rebelles tigréens qui s’accusent mutuellement d’avoir déclenché les hostilités.
“Nous menons une guerre défensive” et “nous restons ouverts à toute négociation”, a affirmé lors d’un “point presse” diffusé sur internet Getachew Reda, porte-parole des autorités rebelles du Tigré, accusant à nouveau le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed d’avoir rompu la trêve respectée depuis fin mars. Il a expliqué qu’après avoir d’abord “défendu (leurs) positions”, les rebelles avaient désormais lancé une contre-offensive au-delà des frontières du Tigré.
Interrogé mardi, le gouvernement éthiopien a rappelé ses “efforts en faveur de la paix et les mesures concrètes prises” en ce sens, et s’est dit “à nouveau déterminé à résoudre pacifiquement le conflit qui a une nouvelle fois été déclenché” par les rebelles “terroristes” du Tigré.
Le gouvernement a annoncé samedi que l’armée se retirait de Kobo, ville de la région Amhara située à une quinzaine de kilomètres au sud du Tigré, pour “éviter des pertes massives” parmi les civils face à une attaque menée “de plusieurs directions” par les rebelles.
Ces derniers jours, selon des sources diplomatique, humanitaire et des habitants, les rebelles ont progressé d’une cinquantaine de kilomètres vers le sud, à l’intérieur de l’Amhara, ainsi qu’au sud-est en région Afar.
Mardi, l’APDA, une ONG active en Afar, a indiqué avoir déjà recensé dans la région 18.000 personnes déplacées par la reprise des combats et fait état d’une avancée des rebelles tigréens de l’Afar vers la région Amhara qui “va encore augmenter le nombre de déplacés”.
Les routes “sont embouteillées par des gens qui fuient” l’avancée des rebelles “vers la localité de Keliwan”, que ses habitants “évacuent”, a indiqué l’APDA sur Twitter.
Les journalistes n’ont pas accès au nord de l’Ethiopie, rendant impossible toute vérification indépendante. Le réseau mobile et internet y est également aléatoire et la situation sur le terrain difficile à apprécier.
Getachew Reda a estimé que “Abiy continue de faire mauvais calcul après mauvais calcul en continuant d’envoyer des renforts”: “Nous allons continuer à les neutraliser, ce qui nous conduira probablement de plus en plus à l’intérieur de la région Amhara”.
“Nous ne sommes pas particulièrement intéressés par le contrôle de cette zone, mais tant que les forces lâchées contre nous continuent de menacer la sécurité de notre peuple, nous continuerons à prendre les mesures appropriées pour les neutraliser” et “cela déterminera où nous nous arrêterons”, a-t-il menacé.
La communauté internationale a multiplié ces derniers jours les appels à la cessation des hostilités et au dialogue. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est notamment entretenu le 25 août avec Abiy Ahmed, puis avec le chef des autorités rebelles tigréennes Debretsion Gebremichael.
M. Getachew a affirmé que M. Abiy avait “envoûté la communauté internationale pour qu’elle croie à son sérieux au sujet de la paix”. “Il semble évident qu’on ne peut pas compter sur la communauté internationale pour retenir Abiy (…) Nous devons toujours dépendre de nos forces”.
Depuis juin, les deux parties avaient répété être disposées à négocier, sans jamais cesser de s’opposer sur les modalités des futures discussions.
La trêve avait permis la reprise de l’acheminement par la route de l’aide humanitaire vers le Tigré, interrompu alors depuis trois mois et qui semble de nouveau menacé par la reprise des combats.
Le bilan de cette guerre meurtrière est inconnu. Mais elle a déplacé plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.
La région est en outre privée depuis plus d’un an d’électricité, de télécommunications, de services bancaires ou de carburant.
Africa News