Drôle d’ambiance à Mogadiscio ce lundi, après que le président Mohamed Farmajo a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi 27 décembre la suspension du Premier ministre Mohamed Hussein Roble, suite à des allégations de « corruption ». Les deux hommes sont en conflit depuis des mois sur la question du cycle électoral, toujours au point mort. Mais le chef du gouvernement a refusé d’obtempérer et affirmé que le chef de l’État avait perdu ses prérogatives constitutionnelles. Les partenaires de la Somalie font part de leur inquiétude et s’agacent de la situation.
La Somalie a un exécutif bicéphale et ses deux têtes sont désormais dos à dos.
Quelques heures après avoir été suspendu de ses fonctions par le chef de l’État lundi, le Premier ministre Mohamed Hussein Roble a gagné ses bureaux, encadré de membres de son cabinet, du chef de l’armée et de militaires, tandis que des combattants fidèles se montraient en ville sur leurs pick-up.
Il s’est adressé à ses compatriotes pour dénoncer une « tentative de renversement » du gouvernement. « Les élections, oui, un coup d’État, non » a-t-il martelé, qualifiant Mohamed Farmajo de « danger pour la stabilité du pays » et demandant aux chefs des forces de sécurité de prendre leurs ordres auprès de lui, et non du président.
Celui-ci, à quelques encablures à peine de la primature, semble ne pas avoir quitté sa résidence officielle, la Villa Somalia, dont les accès étaient gardés par des blindés.
Dans un communiqué, les partenaires de la Somalie, soit une vingtaine de pays et organisations internationales, ont fait part de leur inquiétude et exigé de la retenue aux dirigeants somaliens, les enjoignant à « éviter les provocations ou l’usage de la force », et demandant une fois de plus l’avancée du cycle électoral dans le pays.