Le ton se durcit entre les médecins en grève des hôpitaux publics et le gouvernement du Nigeria. Le Ministère du Travail estime que les médecins sont des travailleurs essentiels en période de pandémie. Et qu’ils n’ont pas droit de grève alors que le Nigeria craint une troisième vague de coronavirus. Ces médecins protestent depuis lundi 2 août contre le non-paiement d’arriérés de salaires et le manque de moyens dans les hôpitaux du pays.
« Le Covid-19 a été un vrai révélateur pour nous avec ses bons et mauvais effets. Pour moi les médecins au Nigeria sont une espèce en danger. » Dix ans que le Dr Arome Adejo arpente les couloirs d’hôpitaux. Ce médecin formé aux États-Unis est rentré au Nigeria pour accomplir le rêve de ses parents sans regret pour le moment. Malgré l’immense stress généré par ses conditions de travail. « Vous voulez soigner vos patients, et vous n’avez pas l’équipement nécessaire, se désole le médecin. Parfois certains patients retournent leur désarroi et leur colère contre vous le médecin. Dans un hôpital d’Abuja, un docteur s’est retrouvé nu, ses vêtements arrachés par le parent d’un patient qui venait de décéder. »
Manque de moyens
Ce quarantenaire à la barbe et cheveux grisonnant est radiologue au centre médical fédéral d’Abuja. Le Dr Adejo a contracté le Covid-19 il y a quelques mois. Il en veut encore à ses autorités de tutelles : « Un médecin qui décède dans l’exercice de ses fonctions avec tout le matériel requis, oui, c’est une victime. Mais quand vous mourez dans l’exercice de vos fonctions et que vous savez que vous êtes sous-équipés et que vous faites avec ces conditions et que vous montez en première ligne et que vous mourez, pour moi vous vous êtes suicidé. »
Arome Adejo est déterminé à rester en grève le plus longtemps possible. Malgré les menaces du gouvernement de suspendre les salaires des grévistes.
Source: Rfi