La guerre du Tigré plombe l’économie. Depuis novembre, la guerre entre le pouvoir central et l’ancien pouvoir local du TPLF a entraîné des milliers de morts, une insécurité généralisée et une grave crise économique. Dans la capitale, Mekelle, si la situation est plutôt calme, la population peine à vivre normalement. Reportage.
Trois ans qu’Ezzedine Abdallah tient un magasin d’alimentation. Jamais il n’a subi une telle crise et surtout une telle flambée des prix. « Les grossistes d’Addis Abéba ont peur d’envoyer leurs produits au Tigré, parce que leur camion pourrait être attaqué. En plus il y a le Covid-19 et les invasions de criquets. Tout cela entraîne des pénuries et les prix montent. »
Face à l’inflation, les habitants rationnent leurs achats. Terlay rentre chez lui avec un kilo de bananes acheté à prix d’or. « Leur prix a doublé. C’est à cause de la situation générale. Les routes sont bloquées. Les marchandises arrivent difficilement et deviennent plus rares. Aujourd’hui, ma famille à la campagne me ramène certains produits devenus trop chers ici. Et puis on ne dépense plus en loisirs. On est en guerre. Donc le soir on ne sort pas. »
La situation est même devenue intenable et de nombreux commerces ont fermé. Tedros vend du matériel de construction. Il ne travaille plus depuis six mois. « Quand l’armée est arrivée en ville, des voleurs ont attaqué les commerces. Nous avons été braqués. Le matériel qu’on a pu sauver a été ramené chez nous. Depuis on reste fermés. Pour l’instant on vit sur nos économies. »
Pour les habitants, seule la paix pourrait rétablir la situation. Or les observateurs estiment qu’au contraire, l’insécurité ne fait qu’augmenter au fil des mois.
Source: Rfi